LE CHEMIN DE LA CROIX

STATION 1: Jésus est condamné à mort

V/ Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R/Parce que Tu as racheté le monde par ta sainte Croix.

De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 22-23.26
Pilate leur dit : « Que ferai-je donc de JĂ©sus appelĂ© le Christ ? » Ils rĂ©pondirent tous : « Qu’il soit crucifiĂ© ! Pilate demanda : « Quel mal a-t-il donc fait ? » Ils criaient encore plus fort : « Qu’il soit crucifiĂ© ! Alors, il leur relĂącha Barabbas ; quant Ă  JĂ©sus, il le fit flageller, et il le livra pour qu’il soit crucifiĂ©.

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JÉSUS EST CONDAMNÉ À MORT
Texte Biblique:
Lc 23, 23-25 Ils ont cependant continuĂ© Ă  crier de toutes leurs forces, exigeant qu’il soit crucifiĂ©. Et leurs cris devenaient de plus en plus forts. Pilate a donc dĂ©cidĂ© que sa demande serait accordĂ©e. Il a libĂ©rĂ© ceux qu’ils voulaient, qui avaient Ă©tĂ© emprisonnĂ©s pour rĂ©bellion et meurtre. Quant Ă  JĂ©sus, il l’a livrĂ© Ă  sa volontĂ©.

MÉDITATION
Le Juge du monde, qui reviendra un jour pour nous juger, est lĂ , anĂ©anti, dĂ©shonorĂ© et sans dĂ©fense face au juge de la terre. Pilate n’est pas totalement mauvais. Il sait que ce condamnĂ© est innocent; il cherche le moyen de le libĂ©rer. Mais Pilate est indĂ©cis. Et en dĂ©finitive, sur le droit, il fait prĂ©valoir sa position, il se fait prĂ©valoir lui-mĂȘme. Et les hommes qui vocifĂšrent et demandent la mort de JĂ©sus ne sont pas non plus totalement mauvais. Beaucoup parmi eux, le jour de la PentecĂŽte, seront « remuĂ©s jusqu’au fond d’eux-mĂȘmes » (Ac 2, 37), quand Pierre leur dira : «JĂ©sus de Nazareth – cet homme dont Dieu avait fait connaĂźtre la mission – 
 vous l’avez fait mourir en le faisant clouer Ă  la croix par la main des paĂŻens » (Ac 2, 22s). Mais en cet instant, ils subissent l’influence de la foule. Ils vocifĂšrent parce que les autres vocifĂšrent, et ils vocifĂšrent comme les autres. Et ainsi, la justice est piĂ©tinĂ©e par lĂąchetĂ©, par faiblesse, par peur du diktat de la mentalitĂ© dominante. La voix tĂ©nue de la conscience est Ă©touffĂ©e par les vocifĂ©rations de la foule. L’indĂ©cision, le respect humain confĂšrent leur force au mal.

PRIÈRE
Seigneur, tu as Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort car la peur du regard des autres a Ă©touffĂ© la voix de la conscience. Tout au long de l’histoire, il en a toujours Ă©tĂ© ainsi, des innocents ont Ă©tĂ© maltraitĂ©s, condamnĂ©s et tuĂ©s. Combien de fois n’avons-nous pas, nous aussi, prĂ©fĂ©rĂ© le succĂšs Ă  la vĂ©ritĂ©, notre rĂ©putation Ă  la justice ! Donne force, dans notre vie, Ă  la voix tĂ©nue de la conscience, Ă  ta voix. Regarde-moi comme tu as regardĂ© Pierre aprĂšs le reniement. Fais en sorte que ton regard pĂ©nĂštre nos Ăąmes et indique Ă  notre vie la direction. A ceux qui ont vocifĂ©rĂ© contre toi le Vendredi saint, tu as donnĂ© l’émotion du coeur et la conversion au jour de la PentecĂŽte. Et ainsi, tu nous as donnĂ© Ă  tous l’espĂ©rance. Donne-nous aussi, toujours de nouveau, la grĂące de la conversion.

2e Station : Jésus est chargé de la Croix

V/ Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R/Parce que Tu as racheté le monde par ta sainte Croix.
De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 27-31

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« Alors les soldats du gouverneur emmenĂšrent JĂ©sus dans la salle du PrĂ©toire et rassemblĂšrent autour de lui toute la garde. Ils lui enlevĂšrent ses vĂȘtements et le couvrirent d’un manteau rouge. Puis, avec des Ă©pines, ils tressĂšrent une couronne, et la posĂšrent sur sa tĂȘte ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient devant lui en disant : « Salut, roi des Juifs ! Et, aprĂšs avoir crachĂ© sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient Ă  la tĂȘte. Quand ils se furent bien moquĂ©s de lui, ils lui enlevĂšrent le manteau, lui remirent ses vĂȘtements, et l’emmenĂšrent pour le crucifier. »

MÉDITATION
JĂ©sus, condamnĂ© comme prĂ©tendu roi, tu es raillĂ©, mais dans la dĂ©rision apparaĂźt cruellement la vĂ©ritĂ©. Combien de fois les insignes du pouvoir portĂ©s par les puissants de ce monde ne sont-ils pas une insulte Ă  la vĂ©ritĂ©, Ă  la justice et Ă  la dignitĂ© de l’homme! Combien de fois leurs cĂ©rĂ©monies et leurs grands discours ne sont en vĂ©ritĂ© rien d’autre que de pompeux mensonges, une caricature de la tĂąche qui est la leur: se mettre au service du bien ! JĂ©sus, celui dont on se moque et qui porte la couronne de la souffrance, est pour cela prĂ©cisĂ©ment le vrai roi. Son sceptre est justice (cf. Ps 45, 7). Le prix de la justice est souffrance en ce monde : lui, le vrai roi, ne rĂšgne pas par la violence, mais par l’amour dont il souffre pour nous et avec nous. Il porte la croix sur lui, notre croix, le poids de l’homme, le poids du monde. C’est ainsi qu’il nous prĂ©cĂšde et qu’il nous montre comment trouver le chemin de la vraie vie.

PRIÈRE
Seigneur, tu t’es laissĂ© tourner en dĂ©rision et outrager. Aide-nous Ă  ne pas nous joindre Ă  ceux qui se moquent de celui qui souffre et de celui qui est faible. Aide-nous Ă  reconnaĂźtre ton visage en ceux qui sont humiliĂ©s et mis Ă  l’écart. Aide-nous Ă  ne pas nous dĂ©courager devant les moqueries du monde, quand l’obĂ©issance Ă  ta volontĂ© est tournĂ©e en dĂ©rision. Tu as portĂ© la croix et tu nous as invitĂ©s Ă  te suivre sur ce chemin (cf. Mt 10, 38). Aide-nous Ă  accepter la croix, Ă  ne pas la fuir, Ă  ne pas nous lamenter et Ă  ne pas laisser nos coeurs ĂȘtre abattus devant les peines de la vie. Aide-nous Ă  parcourir le chemin de l’amour et, obĂ©issant Ă  ses exigences, Ă  atteindre la vraie joie.

3e Station : JĂ©sus tombe pour la premiĂšre fois

V/  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R/ Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

Texte Biblique : Ps 119, 25

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Du livre du prophĂšte IsaĂŻe 53, 4-6
« En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il Ă©tait chargĂ©. Et nous, nous pensions qu’il Ă©tait frappĂ©, meurtri par Dieu, humiliĂ©. Or, c’est Ă  cause de nos rĂ©voltes qu’il a Ă©tĂ© transpercĂ©, Ă  cause de nos fautes qu’il a Ă©tĂ© broyĂ©. Le chĂątiment qui nous donne la paix a pesĂ© sur lui : par ses blessures, nous sommes guĂ©ris. Nous Ă©tions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes Ă  nous tous. »

MÉDITATION
L’homme est tombĂ© et tombe toujours de nouveau : combien de fois n’est-il que la caricature de lui-mĂȘme, et non plus l’image de Dieu, tournant ainsi en dĂ©rision le CrĂ©ateur? N’est-il pas l’image de l’homme par excellence celui qui, descendant de JĂ©rusalem Ă  JĂ©richo, fut attaquĂ© par les brigands qui le dĂ©pouillĂšrent et le laissĂšrent Ă  moitiĂ© mort, ensanglantĂ© au bord du chemin ! La chute de JĂ©sus sous la croix n’est pas seulement la chute de l’homme JĂ©sus dĂ©jĂ  Ă©puisĂ© par la flagellation. Ici apparaĂźt quelque chose de plus profond, comme dit Paul dans la lettre aux Philippiens : «Lui qui Ă©tait dans la condition de Dieu, il n’a pas jugĂ© bon de revendiquer son droit d’ĂȘtre traitĂ© Ă  l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dĂ©pouilla lui-mĂȘme en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes 
 il s’est abaissĂ© lui-mĂȘme en devenant obĂ©issant jusqu’à mourir, et Ă  mourir sur une croix» (Ph 2, 6-8). Dans la chute de JĂ©sus sous le poids de la croix, apparaĂźt tout son parcours : son abaissement volontaire pour ĂŽter notre orgueil. Et en mĂȘme temps apparaĂźt la nature de notre orgueil: l’arrogance avec laquelle nous voulons nous Ă©manciper de Dieu et n’ĂȘtre rien d’autre que nous-mĂȘmes, l’arrogance avec laquelle nous croyons ne pas avoir besoin de l’amour Ă©ternel, mais avec laquelle nous voulons maĂźtriser notre vie tout seuls. Dans cette rĂ©bellion contre la vĂ©ritĂ©, dans cette tentative d’ĂȘtre nous-mĂȘmes des dieux, d’ĂȘtre crĂ©ateurs et juges de nous-mĂȘmes, nous tombons et nous finissons par nous dĂ©truire nous-mĂȘmes. L’abaissement de JĂ©sus est le dĂ©passement de notre orgueil: par son abaissement, il nous relĂšve. Laissons-le nous relever. DĂ©pouillons-nous de notre autosuffisance, de notre envie erronĂ©e d’autonomie et, au contraire, apprenons de lui, de lui qui s’est abaissĂ©, Ă  trouver notre vĂ©ritable grandeur, en nous abaissant et en nous tournant vers Dieu et vers nos frĂšres humiliĂ©s.

PRIÈRE
Seigneur JĂ©sus, le poids de la croix t’a fait tomber Ă  terre. Le poids de notre pĂ©chĂ©, le poids de notre orgueil t’a terrassĂ©. Mais ta chute n’est pas le signe d’un destin hostile, elle n’est pas la pure et simple faiblesse de celui qui est outragĂ©. Tu as voulu venir Ă  nous, nous qui, en raison de notre orgueil, gisons Ă  terre. Seigneur, aide-nous parce que nous sommes tombĂ©s. Aide-nous Ă  abandonner notre orgueil destructeur, en apprenant, par ton humilitĂ©, Ă  nous relever de nouveau.

4e Station : JĂ©sus rencontre sa MĂšre

V:  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R:  Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

De l’Évangile selon saint Luc. 2, 34-35.51
« SymĂ©on les bĂ©nit, puis il dit Ă  Marie sa mĂšre : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relĂšvement de beaucoup en IsraĂ«l. 

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Il sera un signe de contradiction – et toi, ton Ăąme sera traversĂ©e d’un glaive – : ainsi seront dĂ©voilĂ©es les pensĂ©es qui viennent du coeur d’un grand nombre.
Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mÚre gardait dans son coeur tous ces événements. »

MÉDITATION
Sur le chemin de croix de JĂ©sus, se trouve aussi Marie, sa MĂšre. Durant la vie publique de son fils, elle avait dĂ» se tenir Ă  l’écart, pour faire place Ă  la nouvelle famille de JĂ©sus, Ă  la famille naissante de ses disciples. Elle avait Ă©galement dĂ» entendre ses paroles: «Qui est ma mĂšre et qui sont mes frĂšres? 
 Celui qui fait la volontĂ© de mon PĂšre qui est aux cieux, celui-lĂ  est pour moi un frĂšre, une soeur et une mĂšre.» (Mt 12, 48-50). On voit Ă  prĂ©sent qu’elle est la MĂšre de JĂ©sus, non seulement dans son corps, mais dans son coeur. Avant mĂȘme de l’avoir conçu dans son corps, elle l’avait conçu dans son coeur, grĂące Ă  son obĂ©issance. Il lui avait Ă©tĂ© dit: «Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils
 Il sera grand
; le Seigneur Dieu lui donnera le trĂŽne de David son pĂšre» (Lc 1, 31s). Pourtant, peu aprĂšs, elle avait entendu de la bouche du vieux SymĂ©on d’autres mots: «Et toi-mĂȘme, ton coeur sera transpercĂ© par une Ă©pĂ©e» (Lc 2, 35). Elle se sera ainsi rappelĂ©e les paroles des prophĂštes, des paroles semblables Ă  celles-ci: « MaltraitĂ©, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche: comme un agneau conduit Ă  l’abattoir» (Is 53, 7). A prĂ©sent tout devenait rĂ©alitĂ©. Dans son coeur, elle avait toujours conservĂ© la parole que l’ange lui avait dite quand tout avait commencĂ©: «Sois sans crainte, Marie» (Lc 1, 30). Les disciples se sont enfuis, elle, non. Elle reste lĂ , avec son courage de mĂšre, avec sa fidĂ©litĂ© de mĂšre, avec sa bontĂ© de mĂšre et avec sa foi, qui rĂ©siste dans l’obscuritĂ©: «Heureuse celle qui a cru» (Lc 1, 45). «Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre?» (Lc 18, 8). Oui, Ă  ce moment-lĂ , Il le sait: il trouvera la foi. En cette heure-lĂ , c’est sa grande consolation.

PRIÈRE
Sainte Marie, MĂšre du Seigneur, tu es restĂ©e fidĂšle quand les disciples se sont enfuis. De mĂȘme que tu as cru quand l’ange t’a annoncĂ© l’incroyable – que tu allais devenir la mĂšre du TrĂšs-Haut –, de mĂȘme, tu as cru Ă  l’heure de sa plus grande humiliation. Ainsi, Ă  l’heure de la croix, Ă  l’heure de la nuit la plus sombre du monde, tu es devenue MĂšre des croyants, MĂšre de l’Église. Nous te prions: apprends-nous Ă  croire et aide-nous afin que notre foi devienne courage de servir et geste d’un amour qui vient en aide et qui sait partager la souffrance.

5e Station : JĂ©sus est aidĂ© par le CyrĂ©nĂ©en Ă  porter sa croix

V: Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R: Parce que Tu as racheté le monde par ta sainte Croix.

De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 32; 16, 24
« En sortant, ils trouvÚrent un nommé Simon, originaire de CyrÚne, et ils le réquisitionnÚrent pour porter la croix de Jésus.

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MÉDITATION
Simon de CyrĂšne rentre du travail, il est sur le chemin du retour chez lui, quand il croise ce triste cortĂšge de condamnĂ©s –, spectacle sans doute habituel pour lui. Les soldats usent de leur droit de coercition et mettent la croix sur lui, robuste homme de la campagne. Quelle gĂȘne a-t-il dĂ» Ă©prouver en se trouvant soudain mĂȘlĂ© au destin de ces condamnĂ©s! Il fait ce qu’il doit faire, avec certainement beaucoup de rĂ©pugnance. Toutefois, l’évangĂ©liste Marc nomme Ă©galement ses fils qui Ă©taient connus pour ĂȘtre chrĂ©tiens et membres de la communautĂ© (Mc 15, 21). De cette rencontre involontaire est nĂ©e la foi. En accompagnant JĂ©sus et en partageant le poids de sa croix, le CyrĂ©nĂ©en a compris que marcher avec ce CrucifiĂ© et l’assister Ă©tait une grĂące. Le mystĂšre de JĂ©sus souffrant et muet a touchĂ© son coeur. JĂ©sus, dont seul l’amour divin pouvait et peut racheter l’humanitĂ© entiĂšre, veut que nous partagions sa croix, pour complĂ©ter ce qui manque encore Ă  ses souffrances (Col 1, 24). Chaque fois qu’avec bontĂ© nous allons Ă  la rencontre de celui qui souffre, de celui qui est persĂ©cutĂ© et faible, en partageant sa souffrance, nous aidons JĂ©sus Ă  porter sa propre croix. Ainsi nous obtenons le salut et nous pouvons nous-mĂȘmes coopĂ©rer au salut du monde.
PRIÈRE
Seigneur, tu as ouvert les yeux et le coeur de Simon de CyrĂšne, lui donnant, par le partage de ta croix, la grĂące de la foi. Aide-nous Ă  venir en aide Ă  notre prochain qui souffre, mĂȘme si cet appel est contraire Ă  nos projets et Ă  nos penchants. Donne-nous de reconnaĂźtre que partager la croix des autres, et faire l’expĂ©rience qu’ainsi nous marchons avec toi, est une grĂące. Donne-nous de reconnaĂźtre avec joie que c’est prĂ©cisĂ©ment en partageant ta souffrance et les souffrances de ce monde que nous devenons serviteurs du salut, et qu’ainsi nous pouvons contribuer Ă  construire ton corps, l’Église.

6e Station : VĂ©ronique essuie le visage de JĂ©sus

V:  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R:  Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

Du livre du prophĂšte IsaĂŻe 53, 2-3
Du livre des Psaumes 26 [27], 8-9

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« Devant lui, le serviteur a poussĂ© comme une plante chĂ©tive, une racine dans une terre aride ; il Ă©tait sans apparence ni beautĂ© qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. MĂ©prisĂ©, abandonnĂ© des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il Ă©tait pareil Ă  celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons mĂ©prisĂ©, comptĂ© pour rien »
« Mon coeur m'a redit ta parole : « Cherchez ma face. » C'est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. N'écarte pas ton serviteur avec colÚre : * tu restes mon secours. Ne me laisse pas, ne m'abandonne pas, Dieu, mon salut ! »

MÉDITATION
«C’est ta face, Seigneur, que je cherche: ne me cache pas ta face» (Ps 26 [27], 8-9). VĂ©ronique – BĂ©rĂ©nice, selon la tradition grecque – incarne cette aspiration qui est commune Ă  tous les hommes pieux de l’Ancien Testament, cette aspiration de tous les croyants Ă  voir le visage de Dieu. Sur le chemin de croix de JĂ©sus, au dĂ©but, elle ne rend d’abord qu’un service de bontĂ© fĂ©minine: elle offre un linge Ă  JĂ©sus. Elle ne se laisse ni gagner par la brutalitĂ© des soldats, ni immobiliser par la peur des disciples. Elle est l’image de la femme Ă©prise de bontĂ© qui, dans le dĂ©sarroi et l’obscuritĂ© des coeurs, garde le courage de la bontĂ©, et ne permet pas que son coeur s’obscurcisse. «Heureux les coeurs purs – avait dit le Seigneur dans le Discours sur la montagne –, ils verront Dieu!» (Mt 5,8). Au dĂ©but, VĂ©ronique voit seulement un visage maltraitĂ© et marquĂ© par la souffrance. Mais l’acte d’amour imprime dans son coeur la vĂ©ritable image de JĂ©sus: sur son visage humain, couvert de sang et de blessures, elle voit le visage de Dieu et de sa bontĂ©, qui nous accompagne aussi dans la souffrance la plus profonde. C’est seulement avec le coeur que nous pouvons voir JĂ©sus. Seul l’amour nous rend capables de voir et nous rend purs. Seul l’amour nous fait reconnaĂźtre Dieu, qui est l’amour mĂȘme.

PRIÈRE
Seigneur, donne-nous l’inquiĂ©tude du coeur qui cherche ton visage. ProtĂšge-nous de l’obscurcissement du coeur qui ne voit que l’apparence des choses. Donne-nous la sincĂ©ritĂ© et la puretĂ© qui nous rendent capables de voir ta prĂ©sence dans le monde. Quand nous n’avons pas la capacitĂ© de faire de grandes choses, donne-nous le courage d’une humble bontĂ©. Imprime ton visage dans nos coeurs, afin que nous puissions te rencontrer et montrer au monde ton image.

7e Station : JĂ©sus tombe pour la deuxiĂšme fois

V:  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R:  Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

Du livre des Lamentations 3, 1-2.9.16
« Je suis l’homme qui a connu la misĂšre sous le bĂąton de Ses emportements, moi qu’il a conduit et menĂ© dans les tĂ©nĂšbres et non dans la lumiĂšre ; D’un bloc de pierre il barre mes routes, il dĂ©tourne mes sentiers. Il m’a broyĂ© les dents avec du gravier, il m’enfouit dans la cendre. »

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MÉDITATION
La tradition de la triple chute de JĂ©sus et du poids de la croix rappelle la chute d’Adam – le fait que nous soyons des ĂȘtres humains dĂ©chus – et le mystĂšre de la participation de JĂ©sus Ă  notre chute. Au cours de l’histoire, la chute de l’homme prend des formes toujours nouvelles. Dans sa premiĂšre Lettre, saint Jean parle d’une triple chute de l’homme: les dĂ©sirs de la chair, les dĂ©sirs des yeux et l’orgueil de la richesse. C’est ainsi que, sur l’arriĂšre-fond des vices de son temps, avec tous ses excĂšs et toutes ses perversions, il interprĂšte la chute de l’homme et de l’humanitĂ©. Cependant nous pouvons penser aussi, dans l’histoire plus rĂ©cente, que les chrĂ©tiens, en se dĂ©tournant de la foi, ont abandonnĂ© le Seigneur: les grandes idĂ©ologies, comme la banalisation de l’homme qui ne croit plus Ă  rien et qui se laisse simplement aller, ont construit un nouveau paganisme, un paganisme plus mauvais, qui, en voulant mettre dĂ©finitivement Dieu Ă  part, a fini par se dĂ©barrasser de l’homme. L’homme gĂźt ainsi dans la cendre. Le Seigneur porte ce poids, il tombe et il tombe, pour pouvoir venir jusqu’à nous; il nous regarde afin que notre cƓur se rĂ©veille; il tombe pour nous relever.

PRIÈRE
Seigneur JĂ©sus Christ, tu as portĂ© notre poids et tu continues Ă  nous porter. C’est notre poids qui te fait tomber. Mais que ce soit toi qui nous relĂšves, car seuls nous n’arrivons pas Ă  nous lever de la cendre ! A la place d’un cƓur de pierre, donne-nous Ă  nouveau un cƓur de chair, un cƓur capable de voir. Fais-nous percevoir Ă  nouveau ta prĂ©sence. Rends-nous sobres et attentifs pour pouvoir rĂ©sister aux forces du mal et aide-nous Ă  reconnaĂźtre les besoins intĂ©rieurs et extĂ©rieurs des autres, Ă  les soutenir. RelĂšve-nous, afin que nous puissions relever les autres. Donne-nous l’espĂ©rance au milieu de toute obscuritĂ©, afin que nous puissions devenir porteurs d’espĂ©rance pour le monde.

8e Station : JĂ©sus rencontre les femmes de JĂ©rusalem qui pleurent sur lui

V:  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R:  Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

De l’Évangile selon saint Luc 23,28-31
Il se retourna et leur dit : « Filles de JĂ©rusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutĂŽt sur vous-mĂȘmes et sur vos enfants ! 

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Voici venir des jours oĂč l’on dira : “Heureuses les femmes stĂ©riles, celles qui n’ont pas enfantĂ©, celles qui n’ont pas allaitĂ© !”Alors on dira aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “ Cachez vous. Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »

MÉDITATION
Écouter JĂ©sus alors qu’il fait des reproches aux femmes de JĂ©rusalem qui le suivent et qui pleurent sur lui nous fait rĂ©flĂ©chir. Comment le comprendre ? Ne s’agit-il pas de reproches adressĂ©s Ă  une piĂ©tĂ© purement sentimentale, qui ne devient pas conversion et foi vĂ©cue ? Il ne sert Ă  rien de pleurer sur les souffrances de ce monde, avec des paroles et par des sentiments, alors que notre vie continue toujours Ă©gale Ă  elle-mĂȘme. C’est pourquoi le Seigneur nous avertit du danger dans lequel nous sommes nous-mĂȘmes. Il nous montre la gravitĂ© du pĂ©chĂ© et la gravitĂ© du jugement. MalgrĂ© tous nos discours effrayĂ©s devant le mal et la souffrance des innocents, ne sommes-nous pas trop enclins Ă  banaliser le mystĂšre du mal ? En dĂ©finitive, de l’image de Dieu et de JĂ©sus, nous ne retenons peut-ĂȘtre que l’aspect doux et aimable, alors que nous avons Ă©vacuĂ© tranquillement l’aspect du jugement? Nous nous demandons si Dieu peut encore prendre notre faiblesse au tragique. Car nous ne sommes que des hommes ! Mais en regardant les souffrances du Fils, nous voyons toute la gravitĂ© du pĂ©chĂ©, nous voyons comment il doit ĂȘtre expiĂ© jusqu’à la fin pour pouvoir ĂȘtre vaincu. Le mal ne peut pas continuer Ă  ĂȘtre banalisĂ© devant l’image du Seigneur qui souffre. A nous aussi, le Seigneur dĂ©clare: Ne pleurez pas sur moi, pleurez sur vous-mĂȘmes 
 car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ?
PRIÈRE
Aux femmes qui pleurent, tu as parlĂ©, Seigneur, de la pĂ©nitence, du jour du Jugement, lorsque nous nous trouverons en prĂ©sence de ta face, la face du Juge du monde. Tu nous montres la gravitĂ© de notre responsabilitĂ©, le danger d’ĂȘtre trouvĂ©s coupables et stĂ©riles au jour du Jugement. Aide-nous Ă  ne pas nous contenter de marcher Ă  cĂŽtĂ© de toi, ou d’offrir seulement des paroles de compassion. Convertis-nous et donne-nous une vie nouvelle; ne permets pas que, en dĂ©finitive, nous restions lĂ  comme un arbre sec, mais fais que nous devenions des sarments vivants en toi, la vraie vigne, et que nous portions du fruit pour la vie Ă©ternelle (cf. Jn 15, 1-10).

9e Station : JĂ©sus tombe pour la troisiĂšme fois

V:  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R:  Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

Du livre des Lamentations. 3,27-32
« Il est bon pour l’homme de porter le joug dĂšs sa jeunesse. Qu’il reste assis, solitaire, en silence, tant que le Seigneur le lui impose ; qu’il tienne sa bouche contre terre : peut-ĂȘtre y a-t-il un espoir ! Qu’il tende la joue Ă  qui le frappe, qu’il se laisse saturer d’insultes. Car le Seigneur ne rejette pas pour toujours ; s’il afflige, il fera misĂ©ricorde selon l’abondance de sa grĂące. »

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MÉDITATION
Que peut nous dire la troisiĂšme chute de JĂ©sus sous le poids de la croix ? Peut-ĂȘtre nous fait-elle penser plus gĂ©nĂ©ralement Ă  la chute de l’homme, au fait que beaucoup s’éloignent du Christ, dans une dĂ©rive vers un sĂ©cularisme sans Dieu. Mais ne devons-nous pas penser Ă©galement Ă  ce que le Christ doit souffrir dans son Église elle-mĂȘme ? Combien de fois abusons-nous du Saint-Sacrement de sa prĂ©sence, dans quel coeur vide et mauvais entre-t-il souvent ! Combien de fois ne cĂ©lĂ©brons-nous que nous-mĂȘmes, et ne prenons-nous mĂȘme pas conscience de sa prĂ©sence ! Combien de fois sa Parole est-elle dĂ©formĂ©e et galvaudĂ©e ! Quel manque de foi dans de trĂšs nombreuses thĂ©ories, combien de paroles creuses ! Que de souillures dans l’Église, et particuliĂšrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! Que de manques d’attention au sacrement de la rĂ©conciliation, oĂč le Christ nous attend pour nous relever de nos chutes ! Tout cela est prĂ©sent dans sa passion. La trahison des disciples, la rĂ©ception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du RĂ©dempteur, celles qui lui transpercent le coeur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre Ăąme, ce cri : Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25).
PRIÈRE
Prends pitiĂ© de ton Église : en elle aussi, Adam chute toujours de nouveau. Par notre chute, nous te traĂźnons Ă  terre. Mais toi, tu t’es relevĂ©, tu es ressuscitĂ© et tu peux aussi nous relever. Sauve ton Église et sanctifie-la. Sauve-nous tous et sanctifie-nous.

10e Station :
JĂ©sus est dĂ©pouillĂ© de ses vĂȘtements

V/  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R/ Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

De l’Évangile selon saint Matthieu 27,33.36
« ArrivĂ©s en un lieu dit Golgotha, c’est-Ă -dire : Lieu-du-CrĂąne (ou Calvaire), ils donnĂšrent Ă  boire Ă  JĂ©sus du vin mĂȘlĂ© de fiel ; il en goĂ»ta, mais ne voulut pas boire. 

Mobirise

AprĂšs l’avoir crucifiĂ©, ils se partagĂšrent ses vĂȘtements en tirant au sort ; et ils restaient lĂ , assis, Ă  le garder. »

MÉDITATION
JĂ©sus est dĂ©pouillĂ© de ses vĂȘtements. Le vĂȘtement donne Ă  l’homme sa position sociale ; il lui donne sa place dans la sociĂ©tĂ©, il le fait ĂȘtre quelqu’un. Être dĂ©pouillĂ© en public signifie, pour JĂ©sus, n’ĂȘtre plus personne, n’ĂȘtre rien d’autre qu’un exclu, mĂ©prisĂ© de tous. Le moment du dĂ©pouillement nous rappelle aussi l’exclusion du paradis : la splendeur de Dieu a disparu en l’homme qui maintenant se trouve lĂ , nu et exposĂ©, dĂ©nudĂ© et honteux. De cette maniĂšre, JĂ©sus assume encore une fois la situation de l’homme pĂ©cheur. Ce JĂ©sus dĂ©pouillĂ© nous rappelle le fait que, tous, nous avons perdu notre «premier vĂȘtement», c’est-Ă -dire la splendeur de Dieu. Sous la croix les soldats tirent au sort pour se partager ses pauvres biens, ses vĂȘtements. Les Ă©vangĂ©listes en font le rĂ©cit avec des paroles du Psaume 22, verset 19 et ils nous disent ainsi ce que JĂ©sus dira aux disciples d’EmmaĂŒs : tout est arrivĂ© «selon les Écritures». Ici, rien n’est pure coĂŻncidence, tout ce qui arrive est contenu dans la Parole de Dieu et voulu par son dessein divin. Le Seigneur fait l’expĂ©rience de toutes les stations et de tous les degrĂ©s de la perdition humaine, et chacun de ces degrĂ©s est, avec toute son amertume, une Ă©tape de la RĂ©demption : c’est ainsi qu’il ramĂšne au bercail la brebis perdue. Rappelons-nous aussi que Jean dĂ©clare que l’objet du tirage au sort Ă©tait la tunique de JĂ©sus «tissĂ©e tout d’une piĂšce, de haut en bas» (19, 23). Nous pouvons y voir une allusion au vĂȘtement du grand prĂȘtre, qui Ă©tait «tissĂ© d’une seule piĂšce», sans couture (Flavius JosĂšphe, Les AntiquitĂ©s juives, III, 161). Lui, le CrucifiĂ©, il est en effet le vĂ©ritable grand prĂȘtre.

PRIÈRE
Seigneur JĂ©sus, tu as Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ© de tes vĂȘtements, exposĂ© au dĂ©shonneur, exclu de la sociĂ©tĂ©. Tu t’es chargĂ© du dĂ©shonneur d’Adam, et tu l’as guĂ©ri. Tu t’es chargĂ© des souffrances et des besoins des pauvres, ceux qui sont exclus du monde. Mais c’est ainsi que s’accomplit la parole des prophĂštes. C’est ainsi que tu donnes sens Ă  ce qui semble privĂ© de sens. C’est ainsi que tu nous fais reconnaĂźtre que ton PĂšre te tient dans ses mains, comme nous-mĂȘmes et le monde. Donne-nous un profond respect de l’homme Ă  tous les stades de son existence et dans toutes les situations ou nous le rencontrons. Donne-nous le vĂȘtement de lumiĂšre de ta grĂące.

11e Station : Jésus est cloué sur la Croix

V/  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R/ Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

De l’Évangile selon saint Matthieu 27,37-42
« Au-dessus de sa tĂȘte ils placĂšrent une inscription indiquant le motif de sa condamnation : « Celui-ci est JĂ©sus, le roi des Juifs. Alors on crucifia avec lui deux bandits, l’un Ă  droite et l’autre Ă  gauche. 

Mobirise


Les passants l’injuriaient en hochant la tĂȘte ; ils disaient : « Toi qui dĂ©truis le Sanctuaire et le rebĂątis en trois jours, sauve-toi toi-mĂȘme, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! De mĂȘme, les grands prĂȘtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant : « Il en a sauvĂ© d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-mĂȘme ! Il est roi d’IsraĂ«l : qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! »

MÉDITATION
JĂ©sus est clouĂ© sur la croix. Le linceul de Turin nous permet de nous faire une idĂ©e de l’incroyable cruautĂ© de ce procĂ©dĂ©. JĂ©sus ne boit pas le breuvage anesthĂ©siant qu’on lui offre : consciemment, il prend sur lui toute la souffrance de la crucifixion. Tout son corps est tourmentĂ©; ainsi les paroles du Psaume se vĂ©rifient : «Et moi, je suis un ver, pas un homme, raillĂ© par les gens, rejetĂ© par le peuple» (Ps 21 [22], 7). «Il Ă©tait mĂ©prisĂ© 
 semblable au lĂ©preux dont on se dĂ©tourne 
 Pourtant c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il Ă©tait chargé» (Is 53, 3 s). ArrĂȘtons-nous devant cette image de douleur, devant le Fils de Dieu souffrant. Regardons vers lui dans les moments oĂč nous sommes prĂ©somptueux et portĂ©s Ă  la jouissance, pour apprendre Ă  respecter les limites et Ă  voir la superficialitĂ© de tous les biens purement matĂ©riels. Regardons vers lui dans les moments de calamitĂ© et d’angoisse, pour reconnaĂźtre que c’est alors que nous sommes proches de Dieu. Cherchons Ă  reconnaĂźtre son visage dans ceux que nous avons tendance Ă  mĂ©priser. Devant le Seigneur condamnĂ©, qui ne veut pas se servir de son pouvoir pour descendre de la croix, mais qui supporte plutĂŽt la souffrance de la croix jusqu’au bout, peut affleurer encore une autre pensĂ©e. Ignace d’Antioche, lui-mĂȘme enchaĂźnĂ© Ă  cause de sa foi dans le Seigneur, fait l’éloge des chrĂ©tiens de Smyrne pour leur foi inĂ©branlable: ils Ă©taient comme clouĂ©s par la chair et le sang Ă  la croix du Seigneur JĂ©sus Christ (1, 1). Laissons-nous clouer Ă  lui, en ne cĂ©dant Ă  aucune tentation de nous Ă©loigner et de nous laisser aller aux railleries qui voudraient nous inciter Ă  le faire.

PRIÈRE
Seigneur JĂ©sus Christ, tu t’es fait clouer sur la croix, acceptant la terrible cruautĂ© de cette souffrance, la destruction de ton corps et de ta dignitĂ©. Tu t’es fait clouer, tu as souffert sans fuir et sans accepter de compromis. Aide-nous Ă  ne pas fuir devant ce que nous sommes appelĂ©s Ă  accomplir. Aide-nous Ă  nous laisser lier Ă©troitement Ă  toi. Aide-nous Ă  dĂ©masquer la fausse libertĂ© qui veut nous Ă©loigner de toi. Aide-nous Ă  accepter ta libertĂ© liĂ©e et Ă  trouver, dans ce lien Ă©troit avec toi, la vraie libertĂ©.

12e Station : JĂ©sus meurt sur la Croix

V/  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R/ Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

De l’Évangile selon saint Jean 19, 19-20
De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 45-50.54

Mobirise

« Pilate avait rĂ©digĂ© un Ă©criteau qu’il fit placer sur la croix ; il Ă©tait Ă©crit : « JĂ©sus le NazarĂ©en, roi des Juifs. Beaucoup de Juifs lurent cet Ă©criteau, parce que l’endroit oĂč l’on avait crucifiĂ© JĂ©sus Ă©tait proche de la ville, et que c’était Ă©crit en hĂ©breu, en latin et en grec. »
À partir de la sixiĂšme heure (c’est-Ă -dire : midi), l’obscuritĂ© se fit sur toute la terre jusqu’à la neuviĂšme heure. Vers la neuviĂšme heure, JĂ©sus cria d’une voix forte : « Éli, Éli, lema sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonnĂ© ? » L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui Ă©taient lĂ  disaient : « Le voilĂ  qui appelle le prophĂšte Élie ! » AussitĂŽt l’un d’eux courut prendre une Ă©ponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrĂ©e ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait Ă  boire. Les autres disaient : « Attends ! Nous verrons bien si Élie vient le sauver. » Mais JĂ©sus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.
À la vue du tremblement de terre et de ces Ă©vĂ©nements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient JĂ©sus, furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci Ă©tait Fils de Dieu ! »

MÉDITATION
Sur la croix de JĂ©sus, dans les deux langues du monde de cette Ă©poque, le grec et le latin, et dans la langue du peuple Ă©lu, l’hĂ©breu, une inscription exprimant qui il est: le Roi des Juifs, le Fils promis Ă  David. Pilate, juge injuste, est devenu prophĂšte malgrĂ© lui. Devant l’opinion publique mondiale, la royautĂ© de JĂ©sus est proclamĂ©e. JĂ©sus lui-mĂȘme n’avait pas acceptĂ© le titre de Messie, car il pouvait Ă©voquer une idĂ©e erronĂ©e et purement humaine du pouvoir et du salut. Maintenant, le titre peut ĂȘtre Ă©crit lĂ , publiquement au-dessus du CrucifiĂ©. C’est ainsi qu’il est vraiment le roi du monde. Il est maintenant vraiment «élevé». Dans sa descente, il est montĂ©. Voici qu’il a radicalement accompli le commandement de l’amour, il a accompli l’offrande de lui-mĂȘme, et c’est ainsi qu’il est la manifestation du Dieu vĂ©ritable, de ce Dieu qui est l’amour. DĂ©sormais, nous savons qui est Dieu. DĂ©sormais, nous savons en quoi consiste la royautĂ© vĂ©ritable. JĂ©sus prie avec les paroles du Psaume 21, qui commence ainsi: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonnĂ©?» (21[22], 2). Il prend sur lui toute la souffrance d’IsraĂ«l, la souffrance de l’humanitĂ© tout entiĂšre, le drame de l’obscuritĂ© de Dieu, et il permet aussi Ă  Dieu de se manifester lĂ  ou il semblerait ĂȘtre dĂ©finitivement mis en Ă©chec et absent. La croix de JĂ©sus est un Ă©vĂ©nement cosmique. Le monde s’obscurcit, quand le Fils de Dieu subit la mort. La terre tremble. Et auprĂšs de la croix commence l’Église des paĂŻens. Le Centurion romain reconnaĂźt, il comprend que JĂ©sus est le Fils de Dieu. De la croix, il triomphe, toujours de nouveau.

PRIÈRE
Seigneur JĂ©sus Christ, Ă  l’heure de ta mort, le soleil s’éclipsa. Sans cesse, tu es Ă  nouveau clouĂ© sur la croix. En cette heure de l’histoire prĂ©cisĂ©ment, nous vivons dans l’obscuritĂ© de Dieu. C’est justement sur la croix que tu t’es fait reconnaĂźtre. PrĂ©cisĂ©ment parce que tu es celui qui souffre et qui aime, tu es celui qui est Ă©levĂ©. C’est de lĂ  que tu as triomphĂ©. En cette heure d’obscuritĂ© et de trouble, aide-nous Ă  reconnaĂźtre ton visage. Aide-nous Ă  croire en toi et Ă  te suivre spĂ©cialement dans les heures d’obscuritĂ© et de dĂ©tresse. En cette heure, montre-toi encore au monde. Fais que ton salut lui soit manifestĂ©.  SILENCE

13e Station : JĂ©sus est descendu de la Croix et remis Ă  sa MĂšre

V/  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R/ Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 54-55
« À la vue du tremblement de terre et de ces Ă©vĂ©nements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient JĂ©sus, furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci Ă©tait Fils de Dieu ! 

Mobirise

Il y avait là de nombreuses femmes qui observaient de loin. Elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir. »

MÉDITATION
JĂ©sus est mort, son coeur a Ă©tĂ© transpercĂ© par la lance du soldat et il en sortit aussitĂŽt du sang et de l’eau: image mystĂ©rieuse du fleuve des sacrements du BaptĂȘme et de l’Eucharistie, par lesquels, Ă  cause du coeur transpercĂ© du Seigneur, l’Église renaĂźt sans cesse. On ne lui a pas brisĂ© les jambes, comme aux deux autres crucifiĂ©s; ainsi, il se manifeste comme l’agneau pascal vĂ©ritable, dont aucun os ne doit ĂȘtre brisĂ© (cf. Ex 12,46). Et maintenant qu’il a tout supportĂ©, malgrĂ© tout le trouble qui agite les coeurs, malgrĂ© le pouvoir de la haine et des lĂąchetĂ©s, voici qu’il n’est pas demeurĂ© seul. Il y a les fidĂšles. AuprĂšs de la croix, il y avait aussi Marie, sa MĂšre, Marie soeur de sa MĂšre, Marie de Magdala et le disciple qu’il aimait. Et voici qu’arrive un homme riche, Joseph d’Arimathie: ce riche trouve le moyen de passer par le trou d’une aiguille, parce que Dieu lui en donne la grĂące. Il ensevelit JĂ©sus dans son tombeau neuf, dans un jardin: Ă  l’endroit oĂč JĂ©sus est enseveli, le cimetiĂšre se transforme en un jardin, le jardin d’oĂč Adam avait Ă©tĂ© chassĂ© lorsqu’il s’était dĂ©tachĂ© de la plĂ©nitude de la vie, lorsqu’il s’était dĂ©tachĂ© de son CrĂ©ateur. Le tombeau dans le jardin nous apprend que le pouvoir de la mort arrive Ă  son terme. Voici que s’approche aussi un membre du SanhĂ©drin, NicodĂšme; celui Ă  qui JĂ©sus avait annoncĂ© le mystĂšre de la renaissance par l’eau et l’Esprit. MĂȘme au sein du SanhĂ©drin, qui avait dĂ©cidĂ© sa mort, il y a quelqu’un qui croit, quelqu’un qui connaĂźt et qui reconnaĂźt JĂ©sus aprĂšs sa mort. Au-delĂ  de l’heure du grand deuil, des tĂ©nĂšbres Ă©paisses et du dĂ©sespoir, demeure cependant, mystĂ©rieusement, la lumiĂšre de l’espĂ©rance. Le Dieu cachĂ© est cependant le Dieu vivant et proche. Le Seigneur mort reste cependant le Seigneur et notre Sauveur, mĂȘme dans la nuit de la mort. L’Église de JĂ©sus Christ, sa nouvelle famille, commence Ă  se former.

PRIÈRE
Seigneur, tu es descendu dans l’obscuritĂ© de la mort. Mais ton corps a Ă©tĂ© recueilli par de bonnes mains, il a Ă©tĂ© enveloppĂ© dans un linceul immaculĂ© (Mt 27, 59. Comme il nous semble souvent que tu dors! Permets qu’en ce temps difficile, nous soyons capables de reconnaĂźtre que toi tu es lĂ . Donne-nous une fidĂ©litĂ© qui rĂ©siste au dĂ©sarroi et un amour qui sache t’accueillir dans les moments de dĂ©tresse extrĂȘme, comme le fit ta MĂšre, qui te reçut Ă  nouveau entre ses bras. Rend-nous capables de t’offrir nos aptitudes, notre coeur, notre temps, pour prĂ©parer ainsi le jardin oĂč peut advenir la rĂ©surrection.

14e Station : JĂ©sus est mis au tombeau

V/  Nous T’adorons, ĂŽ Christ, et nous Te bĂ©nissons.
R/ Parce que Tu as rachetĂ© le monde par ta sainte Croix.

De l’Évangile selon saint Matthieu 27,59-61
Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul immaculĂ©, et le dĂ©posa dans le tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans le roc. Puis il roula une grande pierre Ă  l’entrĂ©e du tombeau et s’en alla. Or Marie Madeleine et l’autre Marie Ă©taient lĂ , assises en face du sĂ©pulcre

Mobirise

MÉDITATION
JĂ©sus, objet de mĂ©pris et d’outrages, est dĂ©posĂ©, avec tous les honneurs, dans un tombeau neuf. NicodĂšme apporte cent livres d’un mĂ©lange de myrrhe et d’aloĂšs, qui doit rĂ©pandre un parfum prĂ©cieux. Voici que dans l’offrande du Fils se manifeste, comme au moment de l’onction de BĂ©thanie, une dĂ©mesure qui nous rappelle l’amour gĂ©nĂ©reux de Dieu, la «surabondance de son amour». Dieu s’offre gĂ©nĂ©reusement lui-mĂȘme. Si la mesure de Dieu est la surabondance, pour nous aussi rien ne devrait ĂȘtre trop, vis-Ă -vis de Dieu. C’est ce que JĂ©sus lui-mĂȘme nous a appris dans le discours sur la montagne (cf. Mt 5,20). Mais il faut aussi nous souvenir des paroles de saint Paul sur Dieu qui, «par nous, rĂ©pand en tous lieux le parfum de sa connaissance [du Christ]. Car nous sommes bien 
 la bonne odeur du Christ» (2 Co 2, 14s). Au milieu de la dĂ©composition des idĂ©ologies, notre foi devrait ĂȘtre Ă  nouveau le parfum qui nous remet sur le chemin de la vie. Au moment de la mise au tombeau commence Ă  s’accomplir la parole de JĂ©sus: «Amen, amen, je vous le dis: si le grain tombĂ© en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit» (Jn 12,24). JĂ©sus est le grain de blĂ© qui meurt. A partir du grain de blĂ© mort commence la grande multiplication du pain qui dure jusqu’à la fin du monde: c’est le pain de vie capable de rassasier l’humanitĂ© tout entiĂšre et de lui donner la nourriture de maniĂšre surabondante: par la croix et la rĂ©surrection, le Verbe Ă©ternel de Dieu, qui, pour nous, s’est fait chair et s’est aussi fait pain. Sur le tombeau de JĂ©sus, resplendit le mystĂšre de l’Eucharistie. 

PRIÈRE
Seigneur JĂ©sus Christ, par ta mise au tombeau, tu as fais tienne la mort du grain de blĂ©, tu es devenu le grain de blĂ© mort qui donne beaucoup de fruit tout au long des temps, jusqu’à l’éternitĂ©. Par l’Incarnation et la mort, la Parole Ă©ternelle est devenue la Parole proche: tu te mets entre nos mains et dans nos coeurs pour que ta Parole croisse en nous et donne du fruit. Aide-nous Ă  aimer toujours davantage ton mystĂšre eucharistique et Ă  le vĂ©nĂ©rer, Ă  vivre vraiment de Toi, Pain du ciel De mĂȘme que le grain de blĂ© se relĂšve de terre, forme une tige puis un Ă©pi, de mĂȘme, tu ne pouvais rester dans le tombeau: le tombeau est vide, parce que lui – le PĂšre – ne t’a pas «abandonnĂ© Ă  la mort, et ta chair n’a pas connu la corruption» (cf. Ac 2,31; Ps 15, 10 LXX). Tu es ressuscitĂ© et, Ă  la chair transformĂ©e, tu as ouvert un espace dans le cƓur de Dieu. Fais que nous puissions nous rĂ©jouir de cette espĂ©rance et que nous puissions la porter joyeusement au monde, fais de nous des tĂ©moins de ta rĂ©surrection.                           
        

PSAUME 87

Seigneur, mon Dieu et mon Salut dans cette nuit oĂč je crie en Ta PrĂ©sence que ma priĂšre parvienne jusqu'Ă  Toi ouvre l'oreille Ă  ma plainte

Car mon ùme est rassasiée de malheur ma vie au bord de l'abßme on me voit déjà descendre à la fosse je suis comme un homme fini

Ma place est parmi les morts avec ceux que l'on a tués, enterrés ceux dont Tu n'as plus souvenir qui sont exclus et loin de Ta main

Tu m'as mis au plus profond de la fosse en des lieux engloutis, ténébreux le poids de Ta colÚre m'écrase Tu déverses Tes flots contre moi

Tu éloignes de moi mes amis m'a rendu abominable pour eux enfermé je n'ai pas d'issue à force de souffrir mes yeux s'éteignent



Je T'appelle, Seigneur, tous le jour je tends les mains vers Toi Fais-Tu des miracles pour les morts ? leur ombre se dresse-t-elle pour T'acclamer ?

Qui parlera de Ton Amour dans la tombe de Ta fidélité au royaume de la mort ? Connaßt-on dans les ténÚbres Tes miracles et Ta Justice au pays de l'oubli ?

Moi je crie vers Toi, Seigneur dĂšs le matin ma priĂšre Te cherche Pourquoi me rejeter , Seigneur ? Pourquoi me cacher Ta Face ?

Malheureux, frappé à mort depuis l'enfance je n'en peux plus d'endurer Tes fléaux Sur moi ont déferlé Tes orages Tes effrois m'ont réduit au silence.

Ils me cernent comme l'eau tout le jour ensemble se referment sur moi Tu éloignes de moi amis et familiers ma compagne c'est la ténÚbre.


Faites connaĂźtre Notre-Dame de la Salette Ă  travers votre foi!

«Je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, J'entrerai. »
Comment répondras-tu à l'invitation de Dieu ?

NOUS JOINDRE