Reportage dans le Magazine artistique « LA SEMAINE »
Le mariage d'une martyre de Moïse en 2010
Gabrielle Lava& qui ne fait pas ses 60 ans, est sereine.
En effet elle est nouvellement mariée depuis le 7 août, et ce, pour la première fois. Elle a tourné la page et tente de surmonter la douleur causée par les souvenirs reliés à douze années d'enfer passées dans la secte de Roch Thériault dit Moïse, à qui elle a accordé son pardon...
Par: Chantale Potvin
Photos : Louis Jacob
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Michel est mon premier Amour!
LS: Quel genre d'homme est Michel Marcotte votre mari?
G.L. : C’est un homme simple, doux et tendre j’ai passé 12 ans avec Roch Thériault qui était la personnification du mal. Pour moi, Michel est la personnification du bien.
LS: Où vous êtes-vous connus?
G.L. : Il y a environ 10 ans, à l‘école Dominique-Racine, à Chicoutimi. Il était animateur de pastorale et il m’invitait à aller parler aux jeunes pour les sensibiliser au phénomène sectaire. C’est ainsi que notre amitié et nos affinités sur le plan spirituel ont mené à l'amour.
LS: Quand s'est allumée l'étincelle?
G.L. : Ce fut un long processus. Je ne voulais plus me faire avoir par un homme. J’étais vigilante et sélective.
LS: Vous a-t-il aidée dans votre cheminement?
G.L. : II m’a surtout aidée à corriger les préjugés que j’avais par rapport à L’Église.
LS: L’amour que vous ressentez pour Michel fait-il palpiter votre cœur de la même façon que Thériault le faisait à l’époque?
G.L. : Je n’ai jamais connu le vrai amour avec Thériault. Ce que je vis intérieurement, c'est vraiment une première pour moi. Michel est mon premier amour.
LS: Entre l'époque de Roch Thériault et votre mari y a-t-il eu d’autres hommes?
G.L. : Après Thériault, j’ai fréquenté un homme de Chicoutimi pendant deux ans. C’est fini depuis cinq ans. Je l’ai aimé passionnément et comme j’ai été blessée une autre fois, j’avais l'intention de fermer mon cœur définitivement. Je ne voulais plus avoir de relation amoureuse après lui.
LS: On réapprend l'amour, même après avoir croisé Roch Thériault?
G.L. : Oui. Je le crois depuis que je connais Michel. Il est affectueux, il a de belles valeurs et de beaux principes, auxquels j'adhère. Je dis que je suis avec un homme qui est mon bras droit... (Rires)
LS: Michel a ramené Dieu dans votre vie?
G.L. : Il est responsable du Centre catholique Notre-Dame de la Salette, à Chicoutimi. On s’y sent bien, on y organise de belles activités de ressourcement. Les lecteurs intéressés peuvent consulter le site Internet (www.ndsalette.net)
LS: Est-ce un peu comme une secte?
G.L. : J'avoue que la première fois que j'y suis allée, invitée par Michel, je trouvais que ça ressemblait à une secte. Mais j’ai vite changé d'idée. C'est plutôt une cellule d'évangélisation axée sur la prière. On y offre des enseignements divers et une mission de réconciliation pour les couples en difficulté.
LS: Ressentez-vous le besoin absolu de faire partie d'un groupement religieux ou d'une communauté?
G.L. : J'estime qu'on est tous frères et sœurs et je crois que de côtoyer des personnes qui ont les mêmes valeurs religieuses est essentielles à l’équilibre spirituel.
LS: Avec Roch Thériault, sentier-vous la présence de ce même Dieu?
G.L. : Quand je l’ai rencontré, j’avais une image de Dieu qu’on m’avait apprise quand j’étais enfant. C’était l’image d’un Dieu vengeur. Thériault était l'incarnation de ce Dieu-là.
LS: Comment une femme intelligente comme vous a-t-elle pu se faire manipuler à un point tel?
G.L. : Je me suis fait avoir et manipuler comme bien des femmes se font embobiner, dans leur propre vie de couple, dans ce que j’appelle les sectes à deux. Certaines femmes vivent exactement la même réalité que ce qui se déroule dans une secte. Elles sont victimes de violence psychologique, physique et tout le reste. Elles se sont mariées avec des gens parfois beaucoup plus mauvais que Thériault, même si c'est difficile à croire.
LS: Êtes-vous guérie aujourd'hui de toutes ces souffrances?
G.L. : Je ne le serai jamais à 100. J'évalue que 15 % de mes souffrances resteront à jamais. C’est ce pourcentage qui me permet d'avoir de l'empathie, de la compassion, de la sensibilité à la souffrance. Sinon, mon cœur serait devenu de pierre.
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LS: Selon vous, un être humain doit-il souffrir pour atteindre cette sérénité peu commune que vous dégagez?
G.L. : Non. Malheureusement, si on ne chemine pas naturellement à travers l’amour, il se peut qu’on doive subir beaucoup de souffrance pour atteindre la paix intérieure.
LS: Vous êtes-vous pardonnée vous-même?
G.L. : Oui, mais ce fut un très long cheminement.
LS: Avez-vous pardonné à Roch Thériault?
G.L. : Oui. À la suite de plusieurs démarches avec des psychologues qui se sont avérées vaines, j’ai écrit un livre. Cet exercice a été thérapeutique. J’ai revécu toutes ces années. Chaque page faisait couler mes larmes.
LS: Vous parlez de votre autobiographie, L’Alliance de la brebis?
G.L. : Oui. Je l’ai publiée chez JCL, à Chicoutimi. Je ne savais pas alors que j'allais en vendre 250 000 exemplaires. C’est une chose que peu de personnes savent. Les premiers livres, soit la toute première publication, n’ont jamais été mis en vente. De plus, 10,000 exemplaires ont été brûlés, car nous avons dû changer presque tous les noms réels contenus dans le livre.
LS: Avez-vous peur de Roch Thériault?
G.L. : Non, vraiment pas. (Rires)
LS: Un jour, plus rien ne pourra l'empêcher de sortir de prison. Appréhendez-vous ce moment?
G.L. : J'espère qu'il mourra malade, ou qu'il fera comme Saint-Paul et qu'il se convertira au bien.
LS: Pendant toutes ses années d'incarcération, ne peut-il pas, lui aussi, avoir grandi, compris et cheminé?
G.L. : Je le lui souhaite sincèrement, mais j'ai bien peu d'espoir. Il suffit de voir ses œuvres, si on peut appeler cela ainsi. Elles sont à vendre sur un site Internet où des créations de meurtriers sont exposées.
LS: Avez-vous eu des contacts avec lui depuis qu'il est au pénitencier?
G.L. : Non, je ne lui ai jamais reparlé. Mais un jour, un détenu m'a rencontrée pour me confier qu'il lui avait demandé de me tuer. Je dois toutefois avouer que je prie pour Roch Thériault tous les jours.
LS: Est-ce vrai que des femmes vont attendre Roch Thériault quand il sortira?
G.L. : C'est faux. Personne ne l'attend, et ce, depuis cinq ans. Toutefois, je crois qu'une femme des Maritimes est amoureuse de lui. Je lui souhaite vraiment de vivre l'amour et de changer avant de mourir, sinon le Jugement dernier sera sans pitié.
LS: Avez-vous encore des contacts avec des gens qui étaient dans la secte?
G.L. : Non.
LS: Si Roch Thériault demandait de vous rencontrer dans un lieu neutre et protégé, accepteriez-vous?
G.L. : Oui. Je lui dirais que je lui pardonne et je lui poserais une seule question «Est-ce que tu t’es pardonné pour tout ce que tu as fait?»
LS: Le remercieriez-vous pour votre bonheur actuel?
G.L. : Quelle belle question! J'ai vécu avec le diable pendant 12 ans. Le soir du 26 juillet 1989, quand il a amputé mon bras droit avec une lame émoussée, j'étais sûre que j'allais mourir. Quand je suis sortie de mon corps et que j'ai demandé à Dieu de me venir en aide, j'ai vu la lumière. Cette lumière m'habite depuis ce jour-là et me permet de vivre aujourd'hui ce bel amour.
LS: Aimeriez-vous ajouter un mot pour nos lecteurs?
G.L. : Je les invite à s'inscrire sur Facebook à la page Opposez-vous à la libération de Roch «Moïse» Thériault. Je leur dirais aussi qu'il faut aimer. Espérer et vivre le moment présent sont mes plus grandes forces aujourd'hui.
Il sera disponible le 20 septembre
Au Centre de la Salette le jeudi de 9.00 h à 16.00 h
Prix: 24.95$
Téléphone : 418.698.0321
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«Je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, J'entrerai. »
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