Messages des évangiles & formations liturgiques qui ont été offerts au Centre Notre-Dame de la Salette

La formation des disciples

Par : José Prado Florès
Le plan de Jésus
Notre seul modèle d’action pastorale est la personne et la vie de Jésus-Christ.
1. Sa mission : Sauver tout l’homme et tous les hommes. 
Résumer la mission de Jésus-Christ en une seule phrase, ce serait : ÊTRE JÉSUS.
Le nom, pour les orientaux, n’est pas seulement la façon de désigner une personne, mais découvre également le plus profond de son être, sa mission et sa vocation. Jésus, Yeshoua, signifie : « Adonaï sauve ». Jésus est Jésus parce qu’en lui et par lui est rendu possible le salut de tout l’homme et de tous les hommes. Tout l’homme, c’est-à-dire, son corps, son âme et son esprit. (Lc 4,18-19)

2. Son but : Instaurer le Royaume de Dieu dans ce monde. Le thème central de sa prédication était de révéler le mystère du Royaume : ce qu’il est, les conditions pour y entrer, et surtout, le style de vie de ceux qui y ont part. (Mt.4,23). Son ministère comprenait quatre aspects : parcourir, proclamer, enseigner et guérir.

3. Sa méthode : Former des disciples-maîtres
La tâche principale de Jésus durant ses trois années de ministère ne fut pas de s’occuper des foules qui le suivaient. Sa principale préoccupation se centra sur ses 72 disciples, jusqu’à ce que douze d’entre eux deviennent maîtres. L’option principale de Jésus fut de « former des disciples ».

Le maître et le disciple
1. Jésus maître
Jésus apparaît comme un des maîtres de l'antiquité qui suit la tradition d'Israël. Il accepte de se faire appeler "Rabbi" - maître - et il s'entoure de personnes qui le suivent pour leur enseigner à vivre comme lui. Dans les Evangiles apparaît quarante-huit fois le terme maître, en plus des quinze "Rabbi" et des deux occasions où il se présente "Rabbouni". Maître, est un des rares titres que Jésus se donne à lui-même (cf. Jn 13, 13). Jésus, à la différence des autres maîtres, était un maître itinérant qui n'avait pas de lieu fixe où enseigner, mais avec la liberté des oiseaux du ciel il allait et venait par les villages et les bourgs de Galilée. C'est pour cela que ses disciples auraient à être différents des autres. Bien qu'il fût un maître comme tant d'autres en Israël, il gardait certaines caractéristiques qui le distinguaient et en faisaient un Rabbi particulier. Voici les principales différences :
- En ce temps tous les disciples avaient le droit de choisir le maître qui leur convenait ou leur convien¬drait. Ce n'est pas le cas de Jésus. C'est lui qui choisit personnellement chacun de ceux qui le suivent (cf. Jn 15, 16).
- Etre disciple était une étape transitoire pour un temps déterminé ; mais les disciples de Jésus le suivent toute leur vie et il ne leur est pas permis de reve-nir en arrière (cf. Lc 9,62).
- Les disciples entraient au service du maître presque de la même manière qu'un esclave servait son maître. Jésus, lui, ne les appelle pas serviteurs mais amis (cf. Jn 15, 15).
- Ceux qui suivaient un maître illustre jouissaient de réputation et d'autorité devant le peuple. Au contraire, Jésus n'offre que problèmes, persécutions et calomnies (cf. Mt 5, 11).

2. La pédagogie de Jésus
7 caractéristiques :
a. Interrogeant
La méthode de Jésus n'était pas de parler à jet continu à des pierres muettes. Elle ressemblait beaucoup à la "maïeutique" de Socrate, laquelle consistait à interroger soi-même ses disciples. Sa pédagogie n'alimentait pas la passivité de ses disciples mais elle les faisait penser ; trouvant les conclusions à l'intérieur d'eux-mêmes. Les paraboles, concrètement, ne sont pas des recettes ou des formules pour un problème déterminé mais des principes que l'on doit appliquer en toute circonstance. Jésus ne donnait pas du "tout fait" aux siens mais il les rendait capables de répondre eux-mêmes à toute situation dans la vie. Et même, plusieurs fois il les questionna lui-même directement pour qu’ils apprennent à rentrer en eux-mêmes et y trouver les réponses, méthode qui partait d’un principe anthropologique et théologique : Dieu n’est pas loin de nous; nous vivons, bougeons et existons en Lui, car Lui-même a fait sa demeure en notre coeur et n'est pas seulement "avec" nous, mais "en" nous. Nous allons établir une petite liste des nombreuses questions posées tout au long de l'Evangile. Le simple fait d'y répondre ne nous laissera pas indifférents :
- Que cherchez-vous ? (Jn 1,38)
- Qui dites-vous que je suis ? (Mt 16,15)
- Ne t'ai-je pas dit que si tu crois tu verras la gloire de Dieu ? an 11,40)
. Pourquoi pleures-tu ? (In 20, 13)
- Quel est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? (Lc 22, 27)
- La vie n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ? (Mt 6, 25)
- pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au nom de votre tradition ? (Mt 15, 3)
- pourquoi vous préoccupez-vous ? (Lc 12,26)
- pourquoi pensez-vous mal en vos coeurs ? (Mt 9,4) - Comment pouvez-vous dire de bonnes choses alors que vous êtes mauvais ? (Mt 12,34)
- pourquoi as-tu douté ? (Mt 14,31)
- Que peut donner l'homme en échange de sa vie ? (Mt 16, 26)
- Que veux-tu que je fasse pour toi ? (Lc 18,41)
- Vous aussi vous voulez partir ?
- Personne ne t'a condamnée ? (Jn 8,10)
- pourquoi ne me croyez-vous pas ? (Jn 8,46)
- M'aimes-tu plus que ceux-là ? (Jn 21, 15)
- Que t'importe ? (Jn 21,22)

Le nombre de questions que Jésus pose tout au long de l'Evangile est étonnant. Il y en a plus de cinquante. Il ne prétendait pas donner des recettes ni des formules, mais il attendait que sorte du coeur du disciple la bonne réponse. Et même, quand on lui demandait quelque chose, souvent il répondait par une autre question (cf. Mt 9, 14-15; 12, 26-27; 15, 1-3; 15, 33-34 ; 19,16-17 ; 21,15-16). Par ailleurs, son enseignement et surtout sa vie et ses actes, faisaient s'interroger (cf. Mt 13,55-56 ; 8,27; 21,10).

b. Répétant
Jésus nous a transmis diverses choses. Il a enseigné les mêmes choses plusieurs fois. Il a employé la techni¬que de répéter la même chose plusieurs fois pour qu'elle reste parfaitement gravée dans l'esprit de ses disciples. L'exemple le plus typique est le récit du jugement final, où par trois fois on trouve la liste des six oeuvres de la miséricorde. C'était dans le but que les siens ne l'oublient jamais, qu'ils le prennent comme programme de vie et ensuite le répètent. Il a expliqué le Royaume de Dieu à travers treize pa¬raboles différentes. Parmi ses thèmes favoris se trouvent l'oraison, le pardon et la foi.

Par des images et des signes
Le Maître de Nazareth avait eu cette formidable pédagogie d'enseigner à travers des symboles, qui sont imprégnés d'un message que tout le monde peut découvrir, et de surcroît ne pas oublier. Nous ne pouvons imaginer Jésus faisant un cours sur "le proto-Isaïe" ou "l'herméneutique du post-exil". Il se contentait de parler du Royaume des Cieux. Jamais il n'enseigna de nouvelles théories ni ne proclama de nouveaux dogmes, mais il se servit d'images et d'exemples pour transmettre l'inexprimable. Ses paraboles étaient "de petits contes" pleins d'intérêt auxquels tous prêtaient attention et qui permettaient à chacun de tirer ses conclusions. Jésus n'a pas proclamé un Code de Droit Canonique ni un formulaire moral ni même un décalo-gue mais il a raconté des "historiettes" que l'on pouvait appliquer à tous les aspects de la vie.

Ainsi, quand les gens pauvres contemplaient les lis des champs ou les oiseaux du ciel, ils oubliaient leurs préoccupations. Quand une femme tenait dans ses mains une perle précieuse, elle se souvenait de ce qu'était le Royaume des Cieux. Quand un paysan répandait la semence dans son champ, il comprenait mieux ce qu'était la Parole de Dieu. Quand une personne se rendait à la banque pour y percevoir ses intérêts, elle donnait toute son importance à la parabole du talent enfoui en terre. Les charpentiers comprenaient parfaitement que Jésus était la porte, les chefs d'entreprise réalisaient merveil¬leusement la parabole de l'administrateur injuste et pour les pêcheurs il ne faisait pas de difficulté d'entrer dans le mystère du Royaume puisqu'il était comparé à un filet plein de poissons.
Ainsi, chaque fois que l'on voyait l'une de ces choses, elle se chargeait de répéter le message. Grâce à cette méthode audiovisuelle, toute la création devenait évangélisatrice. Par ailleurs, comme certains prophètes, Jésus fit des actions symboliques dans lesquelles le plus important n'était pas le fait en soi mais sa signification propre :
- Annoncer l'Evangile aux pauvres (cf. Lc 3, 18).
- Pardonner les péchés (cf. Mc 2, 1-12).
- Guérir le jour du shabbat (cf. Mc 3, 1-5).
- Chasser les vendeurs du Temple (cf. Jn 2, 13-22).
- Laver les pieds de ses disciples (cf. Jn 13, 1-17).
- Sa propre résurrection.

Tous ces signes étaient grandement porteurs de son message. Ils étaient des semences pleines de grandes vérités.

Faisant les choses
Plus que par des paroles, Jésus a enseigné par son propre exemple. Sa façon de vivre était le plus grand enseignement : Comment vit un fils de Dieu! Il suffisait d'observer sa conduite pour en déduire la bonne forme de vie dans ce monde. C'est pour cela qu'il finit par dire : "Apprenez de moi" (Mt II, 29). Les gens savaient reconnaître que Jésus était un maître différent des autres pour la seule raison qu'il faisait et vivait tout ce qu'il prêchait. Jésus n'a pas organisé un congrès pour donner des conférences sur le pardon, mais il a pardonné à la prostituée, à Zachée, à Pierre qui l'a renié trois fois, et d'une façon toute spéciale, à ses bourreaux: Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'ils font (Lc 23,34). Le Maître n'a pas donné un cours sur la pauvreté. il était pauvre: il n'avait pas d'argent, de biens, ni de lieu où reposer sa tête. Il donnait tout et dans la bourse de la communauté il n'y avait pas de quoi nourrir ses dis¬ciples. Il n'utilisa jamais les étymologies grecques ou hébraïques pour expliquer ce qu'est l'amour, mais il donna la plus grande preuve d'amour: sa vie pour ceux qu'il aimait (cf. Jn 15, 13). Jésus dit qu'il est le bon pasteur qui marche devant et ses brebis le suivent. Les bergers en Israël ne marchent pas derrière leurs brebis, mais devant elles. L'efficacité de l'armée israélienne réside en ce que parmi ses chers n'existe pas l'ordre: 'à l'attaque' mais : 'suivez-moi'. Le capitaine ne se retranche jamais ni ne donne ses instructions de son bureau, mais il est le premier à monter au front avant de demander à ses subalternes de le faire. Il montre l'exemple et réalise les choses avant de demander aux autres de les faire.

Jésus faisait les choses le premier puis il les prêchait. Tous ses enseignements furent avalisés d'abord par son propre exemple. C'est là que s'enracinait sa supériorité sur les scribes et les pharisiens qui avaient de magnifiques enseignements mais ne les mettaient pas en pratique. L'autorité de Jésus ne se basait pas sur un quelconque titre mais en ce qu'il vivait tout ce qu'il prêchait. Bien différent est le travail de la cloche qui nous invite tous à la messe mais ne descend jamais de son clocher pour participer à l'Eucharistie. Parfois il y a des bergers qui au lieu de faire les choses ordonnent seulement aux autres de les faire. Par ailleurs, peu lui importait de bourrer de connais¬sances ses disciples, ce qu'il voulait c'est qu'ils vivent chacune de ses paroles. Il ne désirait pas avoir une foule d'auditeurs de sa Parole, mais que ses disciples soient de fidèles accomplisseurs de son message. Le plus impor¬tant pour le Maître n'était pas de fonder une université pontificale, mais un laboratoire où l'on puisse mettre en pratique ce qu'il enseignait. Son école était un atelier où l'enseignement devait se confirmer. Le signe qui caractérisait ses disciples n'était pas un grade économique ou un titre, mais s'ils vivaient ce qui était enseigné: Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples (Jn 8,31).

Préférant le groupe de ses disciples
Jésus avait un lien spécial avec ses disciples qu'il n'avait pas avec tous. Ils occupaient la part la plus importante de ses intérêts et prédilections. Voici quelques-unes des attitudes particulières de Jésus envers ses dis¬ciples :
- il leur expliquait tout en particulier (cf. Mc 4,34).
- il montait dans la barque avec eux (cf. Mc 8, 10).
- il les instruisait (cf. Mc 9,31).
- il leur apprenait à prier (cf. Lc II, 1).
- Ils étaient ses préférés (cf. Lc 12, 1).
- Il mangea la Pâque avec eux (cf. Mc 14, 14).
- Il leur lava les pieds (cf. Jn 13, 5).
- C'est à eux qu'il apparut en premier (cf. Jn 21, 14).

Jésus s'intéressait plus à ses disciples qu'à la foule immense qui le suivait. C'est à eux qu'il révéla des choses que les prophètes et les rois avaient désiré voir ou entendre. Souvent il s'éloigna des foules et se retira avec ses disciples pour être seul avec eux. Mais en particulier. il expliquait tout à ses disciples (Mc 4,34). On trouve sur le Mont des Oliviers un cloître connu sous le nom d'église du Pater Noster. Les touristes, fascinés par la diversité de langues dans laquelle est écrite cette merveilleuse prière, passent sans voir une petite grotte où Jésus avait l'habitude d'enseigner ses disciples. Enveloppé dans les entrailles de la terre, dans la paix et le calme, le Maître passait de longs moments d'intimité avec ses disciples, loin du bruit et du travail quotidien.

Le livre de cours: la nature
Jésus n'avait pas une grande bibliothèque avec des livres dans toutes les langues, mais les oiseaux du ciel, les lis des champs ou un filet plein de poissons lui servaient de livre de cours. Les renards, les colombes et les serpents; le berger, le vigneron et même un larron, étaient porteurs de message. Les semences, les arbres et les nids des oiseaux; la foudre, les éclairs et les nuages lui servaient de moyens de communication. Enfin, son livre de cours était la na-ture.

L'école: la vie
L'école de Jésus ne ressemblait pas beaucoup à nos centres de formation chrétienne ou à nos séminaires. Ce n'était pas devant un tableau noir, mais à table que les pharisiens se battaient pour la première place, où Jésus enseignait: "Mais pour vous, il n'en va pas ainsi. Au contraire, que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus petit." Jésus enseignait avec les événements, plus qu'avec des théories ou des dogmes appris par coeur. Le Maître utilisait toute circonstance pour révéler à ses disciples les mystères du Royaume: une veuve faisant l'aumône, un trésor caché, une attaque dans le désert ou une noce. Mais le plus important de l'école était le Maître. Là où il était, là aussi devaient être ses disciples, ce qu'il disait était la vérité et il convenait de vivre comme il vivait, lui. Il était la vie. Quand Jean-Baptiste reconnut le Messie et dit: "Voici l'Agneau de Dieu", ses deux meilleurs disciples suivirent Jésus qui parcourait le désert. Rapidement, le Maître se retourna et leur demanda: "Que cherchez-vous ?". Surpris ils répondirent: "Rabbi, où demeures-tu ?" Ils avaient reconnu que Jésus était un Martre qui enseignait à vivre et c'est pour cela seulement qu'ils lui avaient demandé où il demeurait; parce qu'en vivant avec lui, ils apprendraient à vivre comme lui. A cet instant, ils quittèrent l'Ecole du Baptiste et s'inscrivirent à l'Ecole du Maître de Nazareth.

Le modèle: un enfant
Le modèle par excellence pour expliquer le Royaume était un enfant. Si l'on ne devenait comme lui, on ne pouvait devenir son disciple. Celui qui pouvait le mieux montrer le Royaume n'était pas un diplomate de l'école rabbinique de Jérusalem mais un enfant qui faisait con¬fiance et dépendait de son papa (cf. Mc 10, 15).

3. Le disciple
Dès qu'il atteignait l'âge de 13 ans, le jeune juif célébrait sa Bar Mitzva (fils du commandement) qui le rendait apte à être disciple: Talmid ; c'est-à-dire, capable de recevoir l'enseignement Talmud. Le Talmid recevait le Talmud. Dans le Nouveau Testament apparaît deux cent soixante-deux fois le mot disciple. C'est-à-dire que nous avons deux cent soixante-deux points évangéliques pour souligner l'essentiel du disciple: c'est celui qui cherche à devenir comme son maître, reproduisant ses critères, actions et mission. Si nous voulions définir le profil du disciple par une seule phrase, ce serait: "celui qui est comme son maître". Ainsi comme n'importe qui ne pouvait pas être maître, il en était de même pour le disciple. Cela exigeait certaines caractéristiques et renoncements que tout le monde ne pouvait remplir. L'état de disciple ainsi définit était un privilège et une responsabilité qui couvrait la vie politique et religieuse, familiale et économique. Cet état était un système qui cherchait à transmettre la sagesse pour savoir bien vivre. Grâce à lui se maintenait vivante la manière de vivre en Israël. Sans aucun doute comme ce que communiquait le maître était des expériences et que celles-ci par elles-mêmes sont intransférables, il proposait d'emmener ses disciples pour qu'ils vivent ses propres expériences. Le disciple était pratiquement comme un esclave. En échange de l'enseignement qu'il recevait, il rendait service en toute chose à son maître. La seule chose qui distinguait le disciple de l'esclave est qu'il n'était pas obligé de laver les pieds de son maître. A part cela, il n 'y avait pas beaucoup de différence.

S. Portrait du disciple de Jésus
Si nous résumons les caractéristiques d'un disciple de Jésus, nous pouvons très bien "tirer son portrait". Voici sa physionomie telle qu'elle est définie dans l'Evangile :
Personnalité du disciple (être)
- Il n'est pas au-dessus du Maître (cf. Mt 10, 24).
- Il est comme son Maître (cf. Mt 10, 25).
- Il est enseigné par le Maître (cf. M t Il, 1 ).
- Il fait partie de la famille de Jésus (cf. Mt 12,49).
- Il est pêcheur d'hommes (cf. Mt 4, 19).
- Il est à table avec Jésus (cf. Mt 26, 20).
- il est doux et humble de coeur (cf. Mt Il, 29).
- il est pauvre dans l'Esprit (cf. Mt 5, 1-3).
- il est artisan de paix et pur de coeur (cf. Mt 5, 4-8).
- il est persécuté (cf. Mt 5, 11).

Activités du disciple (faire)
- Il se rapproche du Maître (cf. Mt 10, 36).
- il suit le Maître (cf. Mt 8,23).
- il fait ce qu'on lui commande (cf. Jn 15,14).
- il fait des disciples (cf. Mt 28, 19).
- n porte sa croix et suit Jésus (cf. Lc 14, 27).
- Il préfère Jésus à sa famille (cf. Lc 14.26).
- Il renonce à ses biens (cf. Lc 14, 33).
- Il croit en Jésus et en ses paroles (cf. Jn 2, 11.22).
- Il croit en l'Ecriture (cf. Jn 2, 22).
- Il demeure fidèle à la Parole (cf. Jn 8, 31).
- Il fait ce que Jésus ordonne (cf. Mt 21, 6).
- il aime les autres disciples (cf. Jn 13, 34-35).
- il est au pied de la croix et accueille Marie comme mère (cf. Jn 19,25-27).
- Il met la main dans le côté du Maître (cf. Jn 20.24. 28).
- Il prend sa croix (cf. Mt 10, 38).
- il proclame la Bonne Nouvelle avec des signes charismatiques (cf. Mc 16.14-17).
Le but d'un disciple est d'arriver à devenir comme son Maître; c'est-à-dire, à être un maître qui enseigne aux autres à vivre.

L’apôtre et le disciple
Le mot apôtre n’apparaît que neuf fois dans les Evangiles tandis que le mot « disciples » 262 fois. En 1986, prêchant en Egypte, j'eus l'occasion de partager avec un Evêque Orthodoxe, homme sage et plein de bonté. A la fin de notre conversation, je lui demandai: "Chez vous, les prêtres peuvent être mariés. Quels avantages et quels inconvénients y a-t-il à cela ?" Avec un sourire, il me répondit: " Je savais bien que j'allais avoir cette question, parce que vous, les latins (église Romaine), vous nous la posez toujours. Pour vous, l'essentiel est d'être célibataires, pour nous, l'essentiel est que l'on adhère au Christ. Peu nous importe à nous si les prêtres sont mariés ou célibataires, il faut qu'ils veuillent servir leurs frères. Aussi, je voudrais vous poser moi aussi une question: Est-ce que le célibat garantit l'appartenance au Christ et le service des frères ?"

Pour être apôtre (envoyé), il faut d'abord avoir été disciple (appelé). Cependant, on oublie cette condition, et aujourd'hui on se trouve avec beaucoup d'apôtres" qui n'ont jamais été disciples. Malheureusement bien souvent l'activisme, le travail apostolique ou une simple charge dans l'Eglise ont supplanté l'état de disciple. On a dévalué l'essentiel et donné toute l'importance au secondaire. Pour cette raison, le Seigneur nous avertissait un jour au cours d'une rencontre de bergers: "Regardez où vous marchez et comment vous avancez. Veillez, après avoir tant couru, à ne pas être disqualifiés". Ceci me rappela un épisode de la vie : Daniel Bautista était le meilleur marcheur mexicain. Il avait gagné toutes les compétitions et il ne lui manquait plus que l'auréole des Jeux Olympiques. Pour cela il se prépara consciencieusement : il s'entraînait, suivait un régime rigoureux et menait une vie de sacrifice qui n'était compensée que par la victoire à toutes les compétitions auxquelles il participait.

Enfin vint le jour attendu et Daniel Bautista était au mieux de sa forme pour gagner les vingt kilomètres de l'Olympiade de Moscou en 1986. Au début de la marche, c'est tout un éventail de couleurs qui s'élança sur la piste dans l'espoir de gagner. Bien vite, les mieux préparés semèrent le groupe ; parmi eux, bien sûr, Daniel Bautista. Sur le stade, on annonça que les premiers étaient sur le point d'entrer. Personne ne fut surpris de voir que le premier était le mexicain Daniel Bautista. D'un pas de conquérant, il accéléra sa marche dans la dernière ligne droite, sous les applaudissements et les caméras de télévision. Mais, alors qu'on fêtait d6jà son triomphe indiscutable, à quelques mètres du but, sans autre concurrent susceptible de le rattraper, Daniel Bautista fut disqualifié par les juges et du abandonner la course. Après tant d'années de dur travail et de sacrifice continuel, après avoir gagné toutes les épreuves disqualificatoires, en tête de la compétition finale... et à quelques pas du but, Daniel Bautista était disqualifié pour avoir rompu le rythme.

C'est ce dont Paul voulait nous avertir quand il nous dit : Tout athlète se prive de tout pour une couronne péris¬sable. C'est bien ainsi que je cours et que je meurtris mon corps et le traîne en esclavage, de peur qu'après avoir servi de héraut pour les autres, je ne sois moi¬-même disqualifié (1 Co 9,25-27). Ce qui est sûr est que nous courons le grave danger qu'après avoir couru toute la journée, à l'heure du jugement final on ne nous dise: Je ne vous connais pas,éloignez-vous de moi. »

La place du berger
C'est ainsi que nous voyons que la place d'un berger est d'être avec Jésus. S'il y est, même la tâche des autres est facilitée. Quand nous ne pouvons ensemble réaliser quelque chose, le chef de l'opération doit se retirer pour prier. C'est l'exemple de Gédéon qui va prier à Gabaon, celui de Moïse qui fait de même quand le peuple lutte contre les Amalécites et celui de Josué. La place du diri-geant n'est pas d'être principalement dans la bataille, mais au poste qui confère la victoire: à côté de Jésus. Quand le Pape Jean-Paul II reçut les dirigeants du Renouveau le 7 Mai 1981, il précisa le rôle essentiel d'un responsable de communauté chrétienne : "L'activité la plus importante d'un dirigeant dans l'Eglise est..." Il s'arrêta quelques brèves secondes comme pour que l'on complète la phrase. Dans la pensée de tous passa une foule d'idées: la fidélité à l'Eglise, la persévérance, l'engagement social, l'orthodoxie dans ce qu'on enseigne, etc. Cependant le Pape ajouta avec une certitude absolue: "... la prière !"
Parce que la prière (unie à la foi) est ce qui nous garde unis à Jésus. La prière (communion d'esprits) nous rend peu à peu conformes à la figure de Jésus-Christ.
Tout disciple est nécessairement apôtre. Mais malheureusement nous voyons parfois des disciples qui s'arrêtent à mi-chemin et ne font jamais de démarche pour s'engager. Ils ne font que s'asseoir aux pieds de Jésus et ne se relèvent jamais pour servir la communauté.

Conclusion
Ceux qui comparent le disciple à l'apôtre se trompent : surtout s'ils considèrent que le second est à un échelon supérieur. La réalité est tout autre. Ce qui importait d'abord à Jésus, c'était ses disciples. Jésus était un Maître très spécial et différent des autres maîtres en Israël. Son école était la vie; son livre de cours, la nature; son modèle, un enfant; et l'examen final, l'épreuve de l'amour. Le disciple, de son côté, n'est pas celui qui remplit certaines normes, mais celui qui ressemble en tout à son Maître: il pense et agit comme lui, parle et sert comme lui. Enfin, il reproduit de telle façon le Maître, qu'il enseigne aux autres à vivre comme Jésus.

Quatre conditions pour être disciple
1. Avoir un seul maître. (Mt.23,8-10)
2. Le suivre d’une façon immédiate et définitive
3. Renoncer aux attachements (Lc.14,26)
a. Renoncement aux liens familiaux
b. Renoncement à son propre travail
c. Renoncement aux biens matériels (avoir)
d. Renoncement aux honneurs du monde (être)
e. Renoncement aux honneurs ecclésiastiques

4. Porter la croix
Quiconque ne porte pas sa croix et ne vient pas derrière moi, ne peut être mon disciple (Lc 14, 27). Ici nous trouvons une autre condition indispensable pour arriver à être admis à l'Ecole de Jésus. Voyons ce que signifie cette expression. Dans l'antiquité, "porter la croix" était synonyme d'être condamné à mort. Aussi dans la mentalité de Jésus cela impliquait être disposé à livrer sa vie. Il faut mourir à soi-même et se renier t pour pouvoir être disciple de Jésus. Autrement ce serait vaine illusion de se consi¬dérer comme son disciple. Le suivre pour redorer son prestige personnelle améliorer sa réputation, acquérir de plus grands avantages économiques, monter dans l'échelle sociale ou hiérarchique, tout cela est le plus antiévangélique de ce monde. Au contraire, le Maître exige le renoncement à tout cela pour pouvoir prétendre être son disciple.

Les cinq relations du disciple
1. Avec Dieu, comme Père.
Les Juifs voyaient Dieu comme un être transcendant. Personne ne pouvait pénétrer dans le Saint des Saints (Hekhal) où Dieu demeurait. Personne n’osait prononcer le Nom Divin. Jésus est venu changer tout cela et nous a présenté Dieu comme un Père miséricordieux (Parabole de l’enfant prodigue). ABANDON à la Providence du Père.

2. Avec Jésus, comme maître.
Cette relation comporte six caractéristiques : Il est appelé par le Maître Il y a deux mille ans, tout disciple avait le droit de choisir le maître qui lui convenait. Au contraire, pour Jésus les choses se firent à l'inverse: ce fut lui qui choi¬sit personnellement chacun de ses disciples : Ce n'est pas vous qui m'avez choisi ; mais c'est moi qui vous ai choisis (Jn 15, 16). Etre disciple ne dépend donc pas de son goût person¬nel, mais d'un appel de Jésus qui dit: "Viens". La première Parole qui résonne dans le coeur du disciple est la voix irrésistible du Maître qui le choisit pour être l'un des siens. Cet appel est si fort qu'il rend capable de laisser l'argent des impôts sur la table, oublier la barque remplie de poissons et quitter père et famille. Enfin, sa personne est si attirante et son style de vie si singulier qu'on ne peut s'arrêter de le suivre. Ses Paroles de vie suppriment tout doute. Celui qui n'a pas vécu cette expérience n'a pas encore entendu la voix du Seigneur ni ne s'est senti regardé par le "chercheur" de disciples qui lui ordonne: "Viens et suis-moi". C'est l'appel du Maître et non la décision du candidat qui le rend capable de répondre à sa nouvelle vocation. Sa Parole, vivante et efficace, donne la force nécessaire pour répondre à son élection. Ceci est très important car celui qui se fait disciple par sa propre initiative ne peut compter avec la force l’appelé qui le rend capable de vaincre les difficultés et traverser les épreuves de la vie.

Il s’assied au pied de son Maître
S'asseoir près de son Maître est l'activité la plus importante du disciple. Le disciple passe de longs moments simplement à profiter de la présence du maître. Dans ce sens, c'est un contemplatif qui, les yeux bien ouverts, observe tous les traits de la personnalité de son maître pour ensuite les reproduire. Bien que pour beaucoup cela paraisse une regrettable perte de temps, il s'agit d'un investissement à long terme qui offrira, tôt ou tard, les meilleurs intérêts. De cette façon, nous arrivons au fondamental: le disciple est toujours près de son maître, il le regarde et est regardé par lui, il le connaît et est connu de lui. C'est pour cela que lorsque Paul se présenta avec son curriculum vitae, il précisa qu'il avait été formé aux pieds de Gamaliel (cf. Ac 22, 3). S'asseoir aux pieds du maître n'est rien d'autre que "demeurer en lui", uni comme le sarment à la vigne, buvant sa saveur, vivant de sa vie et profondément enraciné en lui. Jésus, à la différence des célèbres maîtres péripatétiques de Grèce, n'enseignait pas ses disciples en chemin mais il s'asseyait (cf. Mt 5, 1) pour être en paix et transmettre son calme à ses auditeurs.

Il écoute le Maître
Si l'on s'assied aux pieds du Maître, ce n'est pas pour être passif, mais pour accomplir une des tâches les plus difficiles qui soit en ce monde: écouter. Sans cette condition, il est impossible de devenir disciple d'un quelconque maître. Après que Salomon eût construit le merveilleux Temple de Jérusalem, Dieu promit de lui donner ce qu'il voudrait: le Roi demanda ce dont il avait le plus besoin : "Donne-moi un coeur pour écouter". Malheureusement la plupart des traductions disent : "Donne-moi la sagesse", mais le texte original en hébreu affinne clairement: "Leb shomeha" : un coeur qui écoute (1 R 3, 9). Ceci est la plus grande grâce que doit avoir un dirigeant dans l'Eglise de Jésus. S'il n'est pas capable d'écouter le Berger des bergers, comment pourra-t-il conduire les autres ? S'il ne sait pas écouter la voix de Dieu, comment pourra-t-il montrer aux autres la volonté divine ? Les disciples sont bienheureux d'entendre ce que les rois, les prophètes et les justes ont désiré entendre. En¬fin, celui qui ne sait pas écouter ne peut être disciple de Jésus.

. Logos et Rema
Dieu s'exprime de deux façons à travers sa Parole. Les études bibliques découvrent deux termes différents pour identifier chacune d'elles :
- On utilise "logos"' en grec quand on se réfère à la Parole en général; le message déjà révélé par Dieu et qui par conséquent est infaillible et immuable.
- On utilise "rema" en grec quand on se réfère à une: parole spécifique pour une circonstance déterminée. C’est une parole-évènement pour un moment précis de la vie.
Si le "logos"' est ce que Dieu a déjà dit, le "rema" est ce qu'il est en train de me dire en cet instant spécifique. La Parole déjà révélée est une base irremplaçable, mais notre Dieu continue de nous parler et de se communiquer à nous pour nous conduire en chaque décision et moment de notre vie. Le "rema" est la parole efficace pour une circonstance, la réponse à une question et la lumière pour un pas.

Il croit le Maître
Le disciple a tellement confiance en son Maître qu'il le croit inconditionnellement. Il ne croit pas en quelque chose, mais en quelqu'un qui est digne de toute sa confiance. Avec raison, saint Paul exprimait en toute sécurité: "Je sais en qui j'ai mis ma foi" (2 Tm 1, 12).
- Si Moïse prescrit une chose dans l'ancienne loi mais que le Maître dit ou agit différemment, on croit plutôt ce dernier.
- Si Jésus s'oppose aux traditions des scribes ou des pharisiens, il faut abolir ces traditions, bien qu'il s'agisse de traditions sociales, familiales et même re-ligieuses.
- Si le monde promet le bonheur à travers l'avoir, le pouvoir et les apparences terrestres, mais que Jésus l'assure au moyen de l'Evangile, on suit sans hésita-tions le chemin du Maître.
Il suit le Maître
Suivre le Maître ne se réduit pas à marcher physiquement derrière lui, mais surtout imiter son style de vie. Ainsi, un des premiers noms qu'on donna à nos frères dans la foi fut: "ceux qui suivent Le Chemin" (cf. Ac 9, 2). Etre disciple de Jésus implique suivre le Chemin indiqué par la vie du Maître. Le disciple, donc, reproduit les attitudes, les critères et le style de vie de son Maître. En un mot, il vit comme son Maître. Celui qui le voit, voit en quelque sorte son Maître. On ne devient pas disciple avec un diplôme, des crédits ou une fonction ecclésiale. Ce n'est pas non plus notre acte de baptême qui garantit notre état de disciple de Jésus. Dans l'ordinateur du ciel, il n'y a pas la liste des ca¬tholiques et des baptisés. Il y a un volume qui s'appelle "le livre de vie", où se trouvent gravés à l'or les noms des disciples de Jésus. Il ne suffit pas de dire que nous sommes catholiques, ni de montrer notre acte de bap¬tême. Ce qui importe c'est de vivre en accord avec le modèle proposé par la personne même de Jésus. Malheureusement, il est possible de marcher dans le sillage de Jésus, sans pour autant être son disciple. On peut être responsable des finances de l'Eglise et pas nécessairement disciple de Jésus. Une fonction ou un grand titre dans l'Eglise ne garantit pas l'appartenance au groupe de ses disciples. On peut même être "apôtre" au coeur disponible pour tout travail ou engagement, et sans pour cela être nécessairement disciple. On peut être ami de l'Evêque et lui commenter toutes les choses que les autres font mal, sans pour autant être disciple de Jésus. On peut faire des miracles et prophétiser au nom de Jésus, mais au jour de la fin entendre de ses propres lèvres cette sentence éternelle: Eloignez-vous de moi, je ne vous ai jamais connus (Mt 7, 23).

La seule chose qui garantit que nous sommes des disciples authentiques est que nous imitons le Maître, reproduisant tous les traits de sa vie.

Il obéit au Maître
Le véritable disciple de Jésus sait toujours obéir, pas seulement aux ordres, mais jusqu'aux plus petites insi¬nuations et même aux plus infimes désirs du Maître. n n'y a pas de doute qu'il ne le fait pas par obéissance aveugle ou discipline militaire, mais par une confiance illimitée. Nous rencontrons le meilleur exemple en Simon-Pierre :
- Après avoir passe toute une nuit dans sa barque à tenter de pêcher quelque chose, et sur le point de re¬noncer à son projet, il entendit la voix du Charpentier de Nazareth qui lui ordonna de jeter ses filets du côté droit. Le pêcheur chevronné ne comprit pas, mais il obéit (cf. In 21. 4-6).
- Un autre jour il lui demanda de sortir de la barque et de marcher sur les eaux d'une mer déchaînée qui ou¬vrait sa gueule pour le dévorer. Pierre ne douta pas et obéit (cf. Mt 14, 22-29).
- A une autre occasion, il lui demanda le plus absurde : de lancer l'hameçon à la mer pour en sortir un poisson qui avait un statère dans le ventre. Pierre ne se mit pas à discuter si les poissons mangent des pièces. ni que personne ne cache de l'argent dans des poissons de mer. Il fit ce qui lui était demandé (cf. Mt 17, 27).

3. Avec l’Esprit Saint, comme guide personnel
Quant au ministère, il fait du disciple un apôtre, avec le pouvoir d'annoncer la mort de Jésus et de proclamer sa résurrection. Il équipe les disciples pour l'apostolat avec une vaste gamme de charismes pour l'édification du Corps de Christ. Ainsi surviennent les signes qui accompagnent la proclamation. C'est lui qui forme la Communauté Chrétienne et nous fait vivre comme Corps de Christ. Les disciples de Jésus, animés par l'Esprit Saint, vivent l'unité du Corps de Christ. Le disciple est envahi par l'Esprit Saint. Il a été mar¬qué comme signe de son appartenance au moment de son baptême au Nom du Père, du Fils et de l'Esprit Saint. Ainsi il est empli de la force du Très-Haut car il a été baptisé, immergé dans l'Esprit. A l'image même de Jésus dont toute la vie a été envahie par l'Esprit Saint, le disciple de Jésus ne s'appartient plus mais il a été acquis par un maître qu'il sert glorieusement. Le disciple est un "possédé" de l'Esprit qui montre les fruits de l'Esprit. Enfin, le plus important: le disciple de Jésus vit une relation personnelle avec la Troisième Personne de la Très Sainte Trinité. Il ne la considère pas seulement comme une force ou une puissance thaumaturge. Il n'est pas seulement le lien entre le Père et le Fils. C'est une personne. Le disciple de Jésus vit une relation personnelle avec l'Esprit Saint. Là est la clef de sa vie, le moteur de son activité et le secret de sa fécondité.

4. Avec les autres, comme frères
Le disciple considère tout homme comme "frère", sans considération de classe sociale, de croyance, de titre social ou de fonction ecclésiastique. Il se sent donc res¬ponsable et solidaire de ses frères, surtout des plus nécessiteux. Le disciple est pleinement conscient que nous sommes tous fils d'un même Père et frères de Jésus-Christ le Seigneur. Ainsi, personne ne se sent supérieur ni meilleur que les autres. Mais en même temps, il ne doit pas souffrir d'un complexe d'infériorité ni plier devant les signes de pouvoir ou de valoir dans ce monde. Le disciple sait qu'il fait partie d'un corps où chacun a sa place et où tous ont besoin de tous. Si le péché originel se manifeste en Caïn qui tue son frère cadet, le fruit de la rédemption est que le disciple de Jésus se préoccupe précisément du frère cadet. Il sait que le salut n'est pas une affaire personnelle, ni encore moins individualiste, mais que nous sommes tous sur la même barque et que nous arriverons ensemble au port ou bien nous périrons ensemble.

Jésus a donné des instructions précises quant à la fa¬çon de se comporter avec les autres disciples. En voici quelques-unes.
Le pardon

Pardonner est synonyme de libérer. En pardonnant, nous sommes libres et nous libérons notre frère. La condamnation stérilise, alors que le pardon ouvre à l’amendement.
La correction fraternelle
La correction fraternelle n'est pas la dénonciation du mal en notre frère. Jésus lui-même n'était pas d'accord avec ce procédé et l'appelait "montrer la paille dans l'oeil de son frère sans voir la poutre qui est dans le sien". Il faut annoncer la Bonne Nouvelle dans l'attente du salut ; c'est-à-dire proclamer la victoire de Jésus-Christ dans le besoin du frère et lui montrer comment Jésus a remporté la victoire dans ce domaine précisément de la vie.

L'amour
A quoi se reconnaît un véritable disciple de Jésus ? Le Maître a lui-même donné le signe infaillible : A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres (Jn 13t 34). Le signe distinctif qui fait de nous des disciples est l'amour que nous avons les uns pour les autres. Un amour total comme celui de Jésus-Christ pour nous: un amour qui donne sa vie pour celui qu'il aime. Aucun autre signe distinctif pour le disciple de Jésus. Bien que certains aient voulu le remplacer par des médailles, des dévotions, accomplissement de certaines normes,une croix sur la poitrine ou un tableau de la Vierge à la maison... si l'amour n'existe pas, on n'est pas disciple de Jésus. Quand bien même on aurait reçu tous les Sacrements et qu'on serait ami de l'Evêque, si l'on n'a pas l'amour on est comme une cloche qui ne sonne plus.

5. Avec les choses matérielles, avec liberté.
La richesse

Ceci est le point de référence de tout disciple de Jésus. Celui qui voudrait être disciple de Jésus doit être comme son Maître. Il serait tout à fait utopique de vou¬loir être comme Jésus tout en étant couvert de richesses et en demeurant attaché aux biens de ce monde. En peu de points pratiques Jésus a tant insisté comme en celui-ci, disant: "Veillez à ne pas amonceler des trésors, car là où est ton trésor, là aussi est ton coeur. L'abondance de biens n'assure la vie de personne. Vivez comme les oiseaux du ciel, qui ne se préoccupent pas de ce qu'ils vont manger. Imitez les lis des champs, le riche roi Salomon dans toute sa gloire n'a pas été vêtu comme l'un d'eux". Il a insisté d'une façon spéciale sur le scandale de l'abîme qui sépare les riches des pauvres, faisant remarquer comment son disciple ne peut rester indifférent devant l'injuste pauvreté de son prochain: la parabole du riche et du pauvre Lazare (cf. Lc 16,19-31). A celui qui suit Jésus on présente le choix entre servir Dieu ou l'argent. L'argent devient vite une idole qui supplante le rôle de Dieu pour nouS. Le disciple de Jésus choisit la pauvreté, pour la simple raison que c'est le choix que fit son Maître et qu'il veut l'imiter en tout. Ceci est la raison de fond. La vie de son Maître est la vérité et s'il a choisi la pauvreté alors qu'il avait la richesse à portée de main, il faut le suivre. On ne choisit pas la pauvreté pour elle-même, mais parce que l'on veut imiter Jésus et être comme lui.

La pauvreté, certainement, ne se limite pas à raspect matériel, mais s'accompagne d'une attitude plus radicale. Il s'agit d'une dépendance totale et inconditionnelle à Dieu dans tous les domaines: le matériel, l'intellectuel, le spirituel, etc. Disciple et riche sont deux termes contradictoires, car Jésus fut pauvre. Naturellement, il y a différents types de vocations et de responsabilités dans la vie. En aucune façon on ne va contrôler les rentrées économiques de chacun pour voir s'il est ou non disciple de Jésus. Il s'agit d'une décision que chacun doit prendre pour suivre de plus près les traces de Jésus, en accord avec son propre état de vie, mais ce dernier ne peut en aucune manière être une excuse pour vivre de façon contraire aux principes évangéliques. Si la pauvreté matérielle est relative (en accord avec la mission de chacun dans ce monde), il n'en est pas de même pour la pauvreté intérieure ou de l'esprit: elle est absolument nécessaire à tout disciple de Jésus. Petit à petit, il va nous enseigner à vivre dans sa dépendance dans tous les domaines de la vie humaine. François d'Assise est un bon exemple pour confirmer ce que nous venons de dire, lui qui a renoncé à tout ce que le monde lui offrait pour se conformer le plus pos¬sible au Seigneur Jésus-Christ.

L'administration chrétienne des biens
La pauvreté n'est pas seulement ne pas avoir, mais aussi administrer tous les biens (pas uniquement les matériels) dans un esprit évangélique. Rien ne doit nous appartenir de façon exclusive. Nous ne sommes que les administrateurs des biens qui nous ont été confiés. Sur toute propriété domine une hypothèque sociale (Jean-Paul II). Ceci implique en premier lieu de rendre à Dieu ce qui lui appartient et à nos frères ce qui est à eux.

Le détachement
Le disciple de Jésus doit arriver au renoncement explicite des biens de ce monde, pour pouvoir servir Dieu et ses frères. Il se libère de toute chaîne d'égoïsme, et libre de toute attache, il est capable de donner jusqu'à sa propre vie. C'est dans ce sens que nous devons com¬prendre l'ordre de Jésus, d'aller en chemin sans prendre deux tuniques, ni bâton, ni argent.

Conclusion
Si l'être humain est tel au milieu de ses relations, le disciple se définit dans les cinq relations exposées ci-dessus. Ce sont elles qui précisément identifient comme disciple authentique de Jésus. Elles sont en même temps sa carte de visite et sa carte d'identité.

La méthode de Jésus pour former des disciples
Jésus avait une grande entreprise et il lui fallait préparer son personnel avec les critères et les valeurs adéquats. Pour faire de chacun de ceux qui le suivaient un authentique disciple, il mit sur pied un programme de formation, qui délimitait soigneusement les différentes étapes que ses collaborateurs devaient franchir pour poursuivre et étendre son oeuvre dans ce monde. Le processus que Jésus prévoit pour former ses premiers amis est le même qu'il continue d'employer pour modeler tous ses disciples. De même que le chandelier du Temple de Jérusalem avait sept branches, de même les lumières qui illuminent cet itinéraire sont au nombre de sept: nous les trouvons exposées dans ce que nous pourrions appeler "le testament pastoral" du Maître :
- Il prit le pain dans ses mains.
- Il le bénit.
- Il le rompit.
- Il le donna.
- Et il leur dit: "Ceci est mon Corps".
-Mangez en tous
-Faites ceci en mémoire de moi Il prit le pain dans ses mains
Comme dans la Dernière Cène où il prit le pain dans ses mains, Jésus nous prend sous sa responsabilité. Nous sommes le pain entre les mains du Maître. Nous ne l'avons pas choisi, mais c'est lui qui nous a aimés le premier (cf. 1 Jn 4, 10; Jn 15, 16). Ce n'est pas nous non plus qui avons décidé de travailler à sa vigne, c'est lui qui a posé son regard sur nous alors qu'il cherchait des ouvriers. En nous choisissant, le Seigneur nous prend dans ses mains pour nous tonner à son image et à sa ressemblance. C'est à ses côtés que se modèlent ses disciples. Le centre de formation n'est pas une classe académique ni un terrain d'essai, mais les mains du Maître.

Comme l'argile dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans ma main, maison d'Israël (Ir 18, 6). Dans le récit de la Genèse, nous voyons que Dieu a pris de l'argile dans ses mains et a commencé à modeler l'homme. L'homme nouveau n'est que le produit de l'Artisan Divin qui précise les traits qui définissent les siens. Pour comprendre ce que signifie cette image, nous devons bien comprendre ce qu'est l'argile : L'argile est un élément composé de terre et d'eau. Néanmoins, les deux éléments doivent être parfaitement combinés, car s'il y a trop d'eau, cela devient une boue sans consistance, inutilisable. Si au contraire, il manque de l'eau, la terre se durcit tant qu'on ne peut plus la modeler. L'être humain, fait d'argile, est composé de l'eau de ses qualités et de la terre de ses carences. Dans l'eau on voit sa fécondité et ses énormes possibilités. Dans la terre apparaissent ses limites et nécessités. Nous ne sommes pas que qualités et vertus, pas plus que défauts et limites; les deux éléments constituent un binôme par¬fait qu'on ne peut séparer sans déchirer l'essence de l'être humain. Dieu prend en compte ces deux éléments et les travaille toujours ensemble. Nos qualités et nos limites sont la matière première avec laquelle il fait un vase neuf. Tout entre dans son plan. Ce ne sont pas nos qualités qui instaurent le Royaume de Dieu, ni nos limites qui peu¬vent empêcher sa réalisation. Nos vertus sont bien insuffisantes, et nous le voyons clairement en Moïse. Avant de pouvoir travailler pour le Seigneur, nous devons nous laisser travailler par lui. Avant de pouvoir le servir, nous devons nous laisser servir. Personne ne peut être instrument de libération s'il n'a pas lui-même expérimenté la libération auparavant. Avant de prêcher l'amour de Dieu, nous devons l'expérimenter personnellement. Pour pouvoir affirmer que Dieu sauve, il nous faut avoir été sauvés dans des domaines concrets de notre vie.

Notre attitude: Nous"déprogrammer"
L'ordinateur travaille grâce au programme qui lui permet de fonctionner, mais en même temps le conditionne. Parfois il arrive que le programme ne soit plus suffisant et qu'il faille le remplacer par un plus puissant. Lorsque nous nous déprogrammons, nous nous ouvrons et nous nous disposons aux surprises de l'Esprit. Nous programmons tous notre vie, et parfois même celle des autres. Nous devons renoncer à cette tâche qui ne nous appartient pas. Il est certain que le Seigneur veut imprimer en nous son image avec le sceau de l'Esprit Saint pour que nous puissions être image du Christ. Mais avant d'imprimer quelque chose, il faut d'abord gommer tout ce qui est écrit ou qui interfère avec son plan. Dès que Jésus eut pris le pain entre ses mains,il le bénit. La première chose que le Maître fait pour nous est de nous bénir.

Le mot "bénédiction", tant en grec qu'en français est composé de deux mots "bien" et "dire". La première chose que le Seigneur fait est de nous parler bien: en vérité. Il prononce une Parole qui est vivante et efficace, qui est esprit et vie; plus coupante que l'épée à deux tranchants, qui pénètre jusque dans les profondeurs de l'âme. Au cours de cette étape, la Parole de Dieu nous configure pour que nous acquérions les critères du Christ Jésus et que nous nous identifiions aux mêmes valeurs. Toute parole que nous entendons modèle notre façon de penser de telle sorte qu'elle détermine notre façon d'être et d'agir. Notre esprit est comme une cassette vierge qui reproduira ce qu'on y a gravé. De même que les jeunes chantent des chansons par coeur et essaient d'imiter leurs idoles,de même si nous écoutons la Parole de Dieu, notre esprit s'identifiera à la volonté divine et les critères du Seigneur nous apparaîtront tout naturels. De même que l'eau pénètre la terre et la féconde, de même la Parole de Dieu va nous pénétrer jusqu'à la ra¬cine de nos décisions.

Notre attitude: écouter
Si au cours de cette étape, le Seigneur se manifeste comme le Maître qui nous enseigne,notre attitude principale doit être celle du disciple qui écoute pour ap-prendre. Un jour, un scribe demanda à Jésus quel était le plus grand commandement. Le Maître répondit: "Ecoute, Israël..." (Mc 12,28). Le premier et le plus grand des commandements n'est pas d'aimer Dieu, mais d'écouter; si nous l'écoutons, il nous exprime son amour, nous rend amoureux et nous permet de lui répondre. Bien souvent notre activisme et notre prière deviennent un monologue où nous parlons de Dieu, mais nous ne lui parlons, ni ne l'écoutons. N'oublions pas que le Seigneur sait déjà ce que nous allons dire avant que cela sorte de notre bouche; ce qu'il a à nous dire est bien plus important. .

Trois choses étouffent la Parole de Dieu et l'empêchent de s'enraciner et de porter du fruit en nous :
- Les préoccupations du monde, nous nous passion¬nons pour des choses transitoires.
- L'amour des richesses, qui comprend la recherche exagérée des biens matériels.
- La concupiscence de la chair, qui est la satisfaction démesurée de tous les sens.

3. Il le rompit
Le troisième aspect dans la formation du disciple consiste à être rompu. Par "être rompu" nous entendons l'étape de purification à travers laquelle le Seigneur nous consacre totalement à lui... Sans cette condition, nous ne pourrions être des offrandes du culte spirituel. L'apôtre Paul exprime cette nécessité à l'aide d'une idée prise dans la Pâque juive, racine de notre Eucharistie: être des pains azymes. Le pain de la Pâque est "matzot", c'est-à-dire sans levain et libre de toute impureté. Ce n'est qu'avec la matza pure qu'il fut possible de célébrer la libération de l'esclavage. Dans la liturgie du Nouveau Testament, nous sommes ce pain azyme qui se transforme en hostie pure, sainte et agréable à Dieu: Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes des azymes , car notre Agneau Pascal, le Christ Jésus, a été immolé (I Co 5, 7).
Ainsi comme on épure l'or, nous devons être purifiés et sanctifiés pour pouvoir servir comme ministres de la nouvelle alliance; chacun en accord avec sa propre vocation. Cette étape consiste, fondamentalement, à nous dépouiller de tout ce qui nous encombre ou nous fait du mal... Souvent nous pensons que si nous avions plus de possibilités matérielles ou de meilleures installations, nous améliorerions grandement notre travail pastoral. Néanmoins, ce qui nous empêche de porter plus de fruit et un fruit qui demeure, ce n'est pas ce qui nous manque, mais bien plutôt ce qui nous encombre: l'égoïsme, le matérialisme, la compétence vis-à-vis des autres serviteurs, l'orgueil et la superbe spirituelle ; sans compter les blessures émotionnelles et conséquences du péché que nous' continuons à traîner comme une ombre noire. !

Michel-Ange, le grand artiste florentin, aimait travailler enfermé pour n'être vu de personne. Il ne montrait ses : oeuvres qu'une fois qu'elles étaient achevées. Quand il eut fini les statues des "Esclaves", on fit une grande fête à Florence parce qu'on allait les admirer pour la pre¬mière fois. Tous les nobles, artistes et autorités étaient impressionnés d'une telle oeuvre d'art. Aux félicitations et compliments, le génie répondit: "Mais je n'ai rien fait. Quand on m'a apporté la pièce de marbre. il y avait déjà dedans cette sculpture. Je n'ai fait qu'enlever quelques petits morceaux qui la recouvraient". Dieu nous a destinés à être une oeuvre d'art entre ses mains. Mais auparavant, il lui faut enlever tout ce qui nous embarrasse. Notre principal problème est que nous continuons de traîner des choses qui nous empêchent d'être libres pour servir le Seigneur.
Si nous pouvions résumer en une seule phrase en quoi consiste cette purification, nous dirions: " A voir la pureté d'intention. Voyons ce que cela signifie.

La pureté d'intention
Un métal est déclaré pur lorsqu'il n'est pas mélangé à un autre élément. Ainsi, l'or et l'argent sont purs lorsqu'ils ne contiennent aucun alliage. Par exemple, un diamant pur a beaucoup plus de valeur que la somme de mille impurs. La pureté est considérée comme la qualité par excellence. La pureté d'intention consiste à faire les choses avec une seule intention et par motivation évangélique. L'impureté, par conséquent consistera à mélanger nos actions apostoliques avec nos intérêts ou avantages personnels. Pour mieux comprendre, voyons quelques exemples de contamination de nos motivations :
- Parfois nous réalisons un important travail aposto¬lique mais notre intention ultime est d'être considérés par les autres. Aussi nous décourageons-nous lorsqu'ils ne nous reconnaissent pas.
- Nous nous efforçons d'accomplir le devoir et réaliser les commandements mais dans le but de gagner une compétence sur les autres dirigeants. Nous cherchons d'abord à paraître devant les autres ou à les dominer au lieu d'accomplir la volonté de Dieu.
- Il y a des gens qui travaillent avec les pauvres parce cela leur donne un prestige apostolique: "Un Tel est engagé envers les pauvres et vit son option préférentielle", Mais au fond, il n'aime pas les pauvres. Au lieu de les servir, il se sert d'eux pour alimenter le culte de sa personne.
- Parfois nous désapprouvons un bon projet y trouvant mille inconvénients mais le problème de fond est que nous n'avons pas été consultés comme nous pensions que nous aurions dû l'être.
- Une des impuretés les plus ruineuses est de servir le Seigneur en attendant en retour une récompense de type matériel, Si les juifs suivaient le Seigneur pour le pain qu'il leur offrait, aujourd'hui d'autres le suivent pour ce qui permet d'acheter le pain. C'est la plus grande disgrâce dans laquelle puisse tomber un ministre du Seigneur.
La liste pourrait être interminable. Aussi longue et différente que les personnes sont diverses. C'est pour cela qu'il est essentiel de revoir les intentions secondes qui nous animent dans ce que nous entreprenons.

Purifier les motivations
L'or et l'argent passent par un grand processus de purification. Les diamants ne peuvent cependant être purifiés. Dans notre cas, cela signifie qu'il y a des domaines de notre vie dans lesquels nous pouvons faire quelque chose pour être purifiés, mais il y en a d'autres qui ne dépendent pas de nous mais uniquement de l'action sanctifiante de l'Esprit Saint. Nous sommes libres d'accepter ou de refuser que le Seigneur nous lave les pieds, mais nous ne pouvons rien faire pour qu'il nous lave les mains et la tête. Ceci dépend seulement et uniquement de Lui et de son plan sur nous.

Moyens de purification
- la persécution du monde
La persécution est un signe distinctif des fidèles du Maître de Nazareth. Si nous imitons son style de vie, nous devons nous attendre à ce qu'on nous traite de la même manière que lui. La persécution doit être le milieu normal du chrétien et le cadre de vie de tout disciple de Jésus. Ainsi comme l'or est épuré au feu, la persécution est le four où est forgé le disciple de Jésus.

Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront (Jn 15,20).
Jésus explique pourquoi cette persécution est logique: Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien. Mais parce que vous n'êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait (Jn 15, 19). Le véritable disciple du Christ, parce qu'il est la lumière au milieu des ténèbres qui dénonce les oeuvres du mal, dérange les structures injustes. Pour cela, il doit être chassé et déclaré ennemi de tout système antiévangélique. Ainsi donc, nous les disciples de Jésus ne devons nous pas nous demander pour quoi on nous persécute, mais bien plutôt pourquoi on ne nous persécute pas. Le sel a-t-il perdu sa saveur, ou bien a-t-on étouffé la voix prophétique qui dénonce ? Nous sommes-nous fait tant d'amis du monde vu que nous ne représentons aucun danger pour eux ? Au début de la vie de l'Eglise ont eu lieu des persécutions contre les chrétiens. Cependant, on ne les persé cutait pas tous. Seuls ceux qui vivaient comme Jésus parce que c'étaient eux qui s'élevaient contre la dégradation du système dominant. Ainsi, on ne persécutait que ceux qui pardonnaient et servaient comme Christ, ceux qui ne frayaient pas avec le mal, ceux qui étaient contre l'esclavage, ceux qui dénonçaient l'injustice et le mensonge. Si aujourd'hui se levait une nouvelle persécution, non pas contre tous ceux qui se disent chrétiens, mais contre ceux qui suivent réellement l'Evangile, te condamnerait-on ou bien te laisserait-on libre ? En quoi peut-on recon¬naître que tu n'es pas du monde ? Ce qui est sûr est qu'il existe actuellement une véritable persécution contre les valeurs évangéliques, les principes de vérité, le respect de la vie et les droits les plus fondamentaux de la personne humaine. Si nous ne nous sommes pas sentis atteints, c'est parce que notre position est définie: si nous ne sommes pas persécutés, c'est que nous sommes les persécuteurs; pour la simple raison que qui n'est pas avec Christ est contre lui. On ne peut rester neutre. Si nous ne sommes pas une partie de la solution, c'est que nous sommes une partie du problème. La persécution est le four où l'on purifie les disciples de Jésus. Si on ne met pas la brique au feu pour la cuire, elle ne pourra jamais servir à la construction. Ici, comme dans toute la vie spirituelle, on applique le principe infaillible que le grain de blé doit mourir pour porter du fruit. Pour cette raison, saint Paul affirme que nos ennemis nous bénissent, en nous offrant précisément la purifica¬tion dont nous avons besoin (Cf. Rm 11, 28).

L'échec ;
Nous nous trompons en pensant que notre succès est synonyme d'instauration du Royaume. Il est évident qu'on ne veut pas notre échec, et encore moins la destruction: de notre personnalité, vivant avec un constant complexe d'infériorité ou d'inutilité. Néanmoins, c'est parfois un moyen de nous faire croître dans la vie dans l'Esprit et de le servir d'une façon encore plus désintéressée. L'échec nous permet de faire halte sur le chemin et de rectifier le sentier que nous suivions. Il n'est pas une oeuvre importante dans le monde qui ne soit née des conséquences d'un échec. La nouvelle Jérusalem est toujours construite sur les ruines de celle qui fut détruite. Par ailleurs, l'échec nous offre la merveilleuse opportunité de montrer que nous travaillons non pour les fruits, mais pour la mission qu'on nous a commandée. Dans le plan de Dieu, certains sont appelés à semer, d'autres à arroser, et d'autres encore à cueillir le fruit. Quand Jésus a envoyé ses disciples, il ne leur a pas dit: " Allez et convertissez tous les gens", mais: "Allez et proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création". Cela signifie, indépendamment du succès pastoral, nous maintenir fidèles dans le service.

Les problèmes
J'ai souvent entendu des dirigeants de communautés affirmer avec une trop grande assurance: « J'ai demandé au Seigneur que si mon projet était son oeuvre, il me le montre pour éviter toute difficulté. Comme il n'y a eu aucun problème, j'ai eu la certitude que cela venait de Lui ». A d'autres moments, on justifie la désertion d'une en¬treprise par l'argument suivant, qui paraît plus valable : Il y a eu tant de problèmes et de difficultés, tant d'oppositions et d'entraves que j'en ai déduit que ce que je faisais n'entrait pas dans le plan de Dieu... et j'ai abandonné". Ce critère n'est pas valable dans l'oeuvre de Dieu. Bien plus, nous pourrions affirmer qu'il est antiévangélique. Il suffit pour cela de considérer que si Jésus-Christ avait pensé de cette manière, jamais il n'aurait réalisé le mystère de notre rédemption. Jésus ne nous a jamais trompés en nous promettant que tout serait facile et simple. Au contraire, il nous a parlé très clairement, affirmant que nous irions comme des brebis au milieu des loups. Il ne nous a jamais dit que les choses nous seraient facilitées, mais que nous au-rions un pouvoir spécial pour vaincre les obstacles et surmonter les difficultés.

Un jour, Paul vécut un tel problème qu'il le nomma : "l'écharde dans la chair". Il lutta, et comme il ne pouvait le vaincre, il demanda plusieurs fois au Seigneur de le libérer d'une telle difficulté. Il espérait que le Seigneur allait répondre favorablement à sa demande. Aussi fut-il surpris quand il entendit le Seigneur lui dire: "Paul, ma grâce te suffit". Le Seigneur ne lui a pas supprimé la difficulté mais lui a donné une grâce particulière pour vivre avec ce problème ; la sagesse pour lutter contre et une force qu'il n'avait pas auparavant. Paul sortit gagnant: il avait désormais une puissance qu'il n'avait pas avant. Paul était plus fort avec son écharde. Le Seigneur ne nous évite pas les problèmes, mais il nous donne la garantie de la victoire. Et plus encore, le véritable disciple doit se charger de la croix de Jésus, mais toujours dans l'espérance de la résurrection. La Pâque de Jésus nous montre parfaitement le seul chemin qui conduit à la gloire: pour arriver à la cime de la Résurrection, il faut d'abord passer par le Calvaire. Celui qui a cette claire vision ne craint pas les problèmes ni ne se laisse submerger par les difficultés, mais se soutient dans la promesse du Seigneur qui dit: "Dans Le monde vous aurez à souffrir, mais courage, j'ai vaincu le monde !" (Jn 16, 33). Les problèmes et les difficultés purifient nos intentions car ils nous donnent la possibilité de montrer au Seigneur que nous travaillons, non pour des commodités ou avantages personnels, mais seulement parce qu'Il nous a séduits et que nous nous sommes laissés séduire. Le prophète Jérémie confesse avoir eu tant de difficultés et oppositions qu'il était sur le point de renoncer à son ministère prophétique pour se retirer dans une vie plus tranquille. Néanmoins. il manifeste que le feu qui consumait ses os ne pouvait être éteint. Ce feu d'amour domine tout autre problème. Les difficultés nous purifient en tant qu'elles nous font non seulement savoir, mais vivre intensément que l'oeuvre n'est pas la nôtre, mais celle de Dieu. On a conscience que les problèmes nous dépassent, mais en aucune manière, ils ne dominent la puissance de Dieu. C'est la clé de l'espérance.

Le directeur d'un projet d'évangélisation à la télévision me dit un jour: "Jamais on ne doit s'engager dans une telle entreprise si on n'a pas une foi à déplacer les montagnes ; parce que là tu te rends parfaitement compte que l'oeuvre nous dépasse largement, mais que Dieu est encore plus grand que tout cela. Cette oeuvre est très grande, trop grande. Mais Dieu est encore plus grand, beaucoup plus grand".

La calomnie
Nous avons tous fait la dure expérience un jour d'être mal compris ou condamnés pour quelque chose que nous n'avions pas dit ou fait. Nos responsables ont plus cru dans les autres qu'en nous. Contrefaisant nos intentions ou supposant de mauvaises motivations de notre part, ils nous ont blessés profondément... Le pire de tout est que le silence de Dieu paraît complice de l'injustice ou du mensonge. Alors, du fond de notre coeur, surgit un cri de détresse :
- Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? - Dieu d'Israël, pourquoi ne viens-tu pas en aide à nos troupes ? Est-ce que tu as déjà oublié ton peuple ?
- Pourquoi permets-tu qu'ils bafouent le droit et la justice ?
- Peu t'importe qu'on traite ainsi les tiens ?
Et comme Dieu ne dit rien, nous avons tous eu la tentation de renoncer à notre travail pastoral, ou au moins de nous défendre avec tout le poids de la loi atta
quant avec la force de la vérité. Nous avons même repris l'argument de Moïse dans le désert, en chemin vers la Terre promise :
Pourquoi as-tu fait sortir ton peuple du pays d'Egypte où il y avait du pain et de l'eau ? N'y avait-il pas assez de tombes dans le pays de Pharaon pour que tu nous fisses venir dans ce désert ingrat pour être donnés en pâture aux oiseaux de proie ? Bien plus, que vont dire de Toi les autres peuples, oh Dieu ? Ton Nom va être foulé aux pieds par toutes les nations à cause de notre disgrâce. Tu apparaîtras comme un Dieu incapable de sauver son peuple. Qui voudra alors te suivre et croire en toi ? Sauve-nous, Seigneur, pour l'honneur de ton Nom. Et cependant, aujourd'hui comme alors, il semble que Dieu n'écoute pas et que peu lui importe la clameur de son peuple qui gémit sous l'injustice. C'est que dans ces circonstances, le plan de Dieu n'est pas de montrer sa puissance ni d'étendre un bras vengeur, mais de purifier ceux qui ont vécu sous le complexe d'esclavage, forgeant un peuple nouveau, capable de conquérir la Terre Promise. Moïse essayait de faire du chantage à Dieu, lui faisant voir comment son Saint Nom serait profané parmi les nations: les autres peuples se riraient du Dieu d'Israël et aucun homme ne croirait en sa bonté. Dieu sacrifie sa gloire pour poursuivre son oeuvre de purification parmi les siens. Cet aspect est extraordinaire: Dieu nous aime tant qu'il court le risque de perdre son prestige devant tout le monde.

Le dépouillement
Dieu promet que tout travailleur mérite son salaire et que celui qui sert à l'autel doit vivre de l'autel. Prenant cette phrase de façon unilatérale,certains justifient leurs richesses comme récompense pour leur service et leur engagement pour le Seigneur . J'ai entendu un jour à Miami un conférencier vêtu de fin cachemire anglais. De son gousset sortait une chaîne où pendait une montre en or pur. Son épouse était richement vêtue et avait de beaux bijoux. Le thème de son enseignement était que si nous servons le Seigneur, Il nous récompensera abondamment car notre Dieu ne se laisse pas surpasser en générosité. Ensuite il se cita en exemple: plusieurs années auparavant, il avait fait au Seigneur une offrande généreuse. En échange, Dieu l'avait béni et il vivait à présent dans une luxueuse zone résidentielle de la ville. Il répéta plusieurs fois que, puisqu'il était ambassadeur du Christ, il avait une solide position économique et, en tant que fils de Roi, il voyageait toujours en première classe. A la fin de sa conférence, il nous donna la recette infaillible pour être bénis abondamment par le Seigneur: faire une offrande conséquente pour que Dieu nous rende au centuple. Je dois avouer que c'est la conférence la plus antiévangélique qu'il m'ait été donné d'entendre. Même les écrits de Marx sont moins antiévangéliques. Cet "ambassadeur" avait oublié qu'il représentait celui qui disait: "Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête ». L’apôtre ne doit pas se demander ce qu’il gagne à servir le Seigneur, mais bien plutôt ce qu’il perd. Si nous ne perdons rien (renon, réputation, autorité, privilèges, biens matériels, etc) il faut examiner sérieusement si nous servons ou si on nous sert.

La persécution des bons
Certainement quand nous sommes poursuivis par le monde, il nous reste la joie de souffrir pour le Nom de Jésus-Christ; comme Pierre et Jean qui sont tout heureux d'avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le Nom (cf. Ac 5.41). Mais quand nous sommes poursuivis au Nom de Dieu par ceux qui sont le sang de notre sang, il n'y a aucun type de récompense. Au contraire, nous sommes jugés précisément comme des ennemis du plan divin. La persécution du monde nous décore de la palme du martyre. Mais la persécution, des bons nous condamne en vie. Jésus fut condamné précisément par les autorités religieuses de son temps. Les pasteurs mis en place par Dieu pour diriger son peuple furent ceux-là même qui s'opposèrent au dessein divin et crucifièrent le Seigneur de la vie. Dans la vie des prophètes et des saints nous voyons continuellement comment se répète ce phénomène: ils ne sont pas compris par les autorités religieuses, sont persécutés, voire, condamnés à mort. Les pasteurs et représentants de Dieu les obligent à garder le silence, les empêchant d'accomplir leur ministère, les traitant d'en¬nemis de l'ordre établi. La persécution de ceux qui agissent (ou croient agir) au Nom de Dieu est la plus difficile à comprendre, parce que ce sont précisément les gardiens de la foi qui s'opposent à la manifestation de Dieu. Il semble qu'ils aient tout pouvoir pour violer les droits les plus fonda mentaux de la personne, l'humilier, l'excommunier de l'Eglise et jusqu'à lui refuser l'entrée au ciel. Jeanne d'Arc fut jugée par l'Inquisition et condamnée à mort par les soixante-dix théologiens de l'Evêché de Paris. Nous ne trouvons aucun saint qui ait été canonisé de son vivant. Les vrais prophètes ont toujours souffert la persécution des défenseurs de l'ordre. François d'Assise ne fut pas reconnu; on refusa même la Règle de vie qu'il avait choisie pour ses frères : l'Evangile. On l'obligea à compliquer ce qui était simple. Tout ceci n'est cependant que la superficie. Pour ceux qui aiment Dieu, toutes choses concourent à leur bien, affirme la Parole de Dieu (cf. Rm 8,28). Si nous restons uniquement avec le symptôme du phénomène, nous ne pourrons jamais découvrir le dessein divin. Quand les bons nous persécutent, nous ne pouvons remercier personne sinon Dieu. Quelle merveilleuse libération ! Notre coeur appartient uniquement au Seigneur. Quand nous sommes persécutés par ceux qui sont au sommet de la pyramide de la structure religieuse, alors notre confiance a une grande occasion qu'il ne faut pas laisser passer: se confier uniquement en Dieu. Quand nous sommes persécutés par les bons, nous ne devons pas penser qu'il s'agit d'une attaque de Satan, mais que nous sommes devant la seule occasion de montrer au Seigneur qu'aucune difficulté ne va nous retenir pour arrêter de le servir. C'est à ce moment que nous pouvons prouver que nous avons servi le Seigneur et l'avons suivi jusqu'à la croix.

Pourquoi nous purifie-t-il ? Parce que nous en avons besoin.
Le Seigneur nous purifie pour la simple raison que nous en avons besoin. Personne ne peut affirmer que cela ne sert à rien d'être purifié. Nos pieds se sont empoussiérés sur les chemins de la vie et nous avons besoin d'être lavés avec l'Eau ou purifiés au feu. Surtout, quand on a mené une vie pleine de sensualité et matérialisme on doit changer au fond et pas seulement en surface. La conduite morale peut être transformée en une minute, mais le changement de mentalité demande beaucoup plus de temps et une méthode spéciale. Un converti récent peut tomber dans la tentation de transplanter ses anciens critères et valeurs à l'oeuvre de Dieu, laquelle s'accomplit à travers des méthodes différentes et parfois opposées à celles du monde commercial et social. D'un autre côté, celui qui a vécu submergé par le péché, doit passer un bon temps de réhabilitation. C'est le cas des alcooliques ou drogués qui ont besoin d'une étape de désintoxication, de même que ceux qui ont vécu des valeurs du monde ont besoin d'une étape de purification.

Par la mission que le Seigneur nous confie: Nous avons certainement tous besoin de purification, mais celle-ci sera d'autant plus profonde que sera grande la mission à laquelle le Seigneur nous appelle. D'autant plus profonde sera la purification que le Seigneur réalise en nous que sera important son plan sur notre vie. Une pierre est d'autant plus polie qu'on veut la rendre plus précieuse. C'est l'ultime raison de la purification que le Seigneur veut faire en nous, et que malheureusement nous ne comprenons pas parfois et ainsi rejetons et alors nous résistons.

Tous les grands prophètes sont passés par le feu de la purification :
. Isaïe dut être purifié par la braise (cf. 1s 6, 1-11 ).
. Jérémie souffrit la persécution des siens (cf. Jr 20,7 12).
. Ezéchiel fut jugé fou et impertinent
. Le prêtre Amasias critiqua le ministère du prophète Amos (cf. Am7, 12.15).
. Mais l'exemple le plus évident est celui de Saul de Tarse: peu ont été autant touchés par la purification que lui. En bon pharisien et strict accomplisseur de la Loi, il était intouchable et jouissait de tous les avantages de la structure religieuse. Mais lorsqu'il accepta le Christ Jésus comme son Sauveur et Seigneur, il renonça à tout aune avantage de type humain et même religieux. Il perdit ainsi immédiatement son prestige face à ses anciens collègues qui le traitèrent de traître et l'expulsèrent de la synagogue. Et le pire, il ne fut pas accepté par les chrétiens de Jérusalem qui ne crurent pas à la sincérité de sa conversion; et pour ne pas avoir de problèmes, ils l'éloignèrent de la communauté. Lui, qui avait reçu directement de Jésus-Christ la charge d'évangéliser les Rois et les princes, lumière pour les gentils, il dut passer une longue période de désintoxication de la Loi dans le désert d'Arabie puis de solitude à Tarse. Les circonstances l'obligèrent même à se cacher dans un désert aride ou un obscur village de Cilicie, pour devenir le plus grand évangélisateur de toute l'Eglise, il dut être purifié pendant de longues années et de diverses manières avant de commencer à accomplir sa mission. La vocation spéciale à laquelle il avait été appelé exigeait une plus grande purification. Souvent nous sommes bâillonnés et entravés dans notre ministère parce que le Seigneur, à travers cela, nous prépare pour une mission beaucoup plus importante. Si nous nous échappions de ce brasier, nous perdrions l'occasion d'être forgés.

. Notre attitude: nous abandonner
La confiance illimitée dans le Seigneur doit nous mener à une attitude d'abandon volontaire au plan divin. Le plus important cependant n'est pas de nous abandonner mais de nous abandonner "sans conditions". Généralement nous mettons des obstacles à cette reddition ; nous espérons recevoir quelque chose en échange, ou nous nous réservons une partie de J'offrande. Si notre abandon n'est pas inconditionnel, il ne sert à rien. De même que l'argile s'abandonne totalement entre les mains du potier pour devenir un vase nouveau, de même nous devons nous remettre entre les mains du Seigneur pour qu'il fasse de nous des créatures nouvelles, à son image et à sa ressemblance. Il s'agit de lui signer un chèque en blanc pour qu'il fasse de nous ce qui lui plaît. Signer le chèque en blanc revient à lui donner notre "oui" à toute chose, comme Marie qui répondit: "Qu'il me soit fait selon ta Parole". De même qu'en entrant dans la salle d'opération nous nous abandonnons totalement entre les mains du chirurgien pour qu'il coupe, extraie ou transplante ce qui est nécessaire, de même nous devons nous remettre entre les mains du Médecin Divin pour qu'il fasse de nous ce qu'Il désire. Confions-nous en Lui et acceptons son plan de façon inconditionnelle. Il désire accomplir une oeuvre si merveilleuse qu'il est prêt à transplanter notre coeur : Je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un Esprit nouveau. J'ôterai de votre chair le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair...Pour que vous marchiez selon mes lois...(Ez 36, 26-27). Il n'est pas question que le Seigneur nous dépouille ou nous violente, il faut que nous consentions volontairement. A quoi cela servirait-il que le Seigneur nous ôte quelque chose, si notre coeur reste attaché à cette chose perdue ? Quel aurait été l'avantage que le Seigneur nous libère de l'esclavage d'Egypte si nous nous rappelons sans cesse avec nostalgie les aulx et les oignons du pays des Pharaons ? Si nous ne nous dépouillons pas volontairement, nous allons subir des blessures fatales qui vont nous conduire à la névrose et à la schizophrénie. Mais quand nous ne sommes pas ligotés à quelque chose, nous sommes pauvres; et un pauvre n'a rien à perdre. Le dépouillement est la condition de l'abandon et l'abandon est le chemin de la paix et du bonheur. Il n'y a pas d'autre chemin pour vivre en paix. Ceux qui essaient de s'attacher à quelque chose, circonstance ou personne sont esclaves de cette possession.

4. Il le donna
Une fois que le pain a été pris dans les mains, béni et rompu, on le partage. Il ne reste pas dans les mains de Jésus, mais on le donne aux autres. Nous ne pouvons pas rester toute notre vie au sommet du Thabor, ni planter nos tentes pour nous établir définitivement près de Jésus. L'Evangile explique que Jésus appela ses disciples pour qu'ils soient avec lui et pour ensuite les envoyer évangéliser. Celui qui a été aux côtés de Jésus ne doit pas rester inactif, mais il doit se donner aux autres. Le signe qui nous garantit que nous avons rencontré Jésus est que nous allons chercher les autres pour qu'eux aussi le connaissent et le suivent. Celui qui l'a découvert partage sa trouvaille avec les autres. Il ne peut s'arrêter de parler de ce qu'il a vécu. Quand André rencontra Jésus dans le Désert,il le suivit et resta avec lui toute la soirée et toute la nuit. Mais au matin, il se leva de bonne heure et alla chercher son frère Simon pour l'amener à Jésus. Ainsi, plus nous aurons été rompus, plus nous pourrons être partagés. Plus nous aurons été purifiés, plus nous pourrons atteindre de personnes. Un pain entier peut être consommé par une seule personne, mais autant on le rompra, autant pourront en profiter. C'est la fin de la purification: la multiplication. Le Seigneur veut nous multiplier, c'est pour cela qu'il nous donne: il veut que nous en atteignions beaucoup. Nous apportons les cinq pains et les deux poissons que nous avons et le Seigneur les multiplie. C'est lui qui accomplit le miracle, mais toujours avec notre collaboration. Notre fécondité ne dépend pas de nos qualités, mais c'est Dieu qui fait croître. Il nous est demandé de remplir nos jarres avec l'eau que nous avons. C'est lui qui fera le miracle de la trans-formation, mais partant de ce que nous aurons présenté.

Nous allons être un pain multiplié qui nourrira et un vin nouveau qui réjouira le coeur, parce que le Seigneur a fait un miracle en et avec nous.
Notre attitude: le détachement.

Notre Dieu est Un, déclare mille et une fois la Bible. Il n'y a pas d'autre Dieu en dehors de Lui. C'est pour cela qu'il n'admet aucune autre idole qui vienne prendre sa place. Notre Dieu, puisqu'il est unique, n'accepte pas de partager notre coeur avec rien ni quiconque. C'est pour cela qu'il nous faut absolument nous détacher de tout ce qui peut entraver cette suprématie. Dans le détachement, ce qui compte n'est pas la quantité de ce que nous donnons, mais l'abandon total. Un jour Jésus se trouvait devant le lieu des aumônes, là où venaient les riches au luxe ostentatoire qui déposaient des offrandes conséquentes. S'avança alors une pauvre veuve, humble et silencieuse qui ne déposa que deux petites piécettes. Jésus profita de l'occasion pour enseigner à ses dis¬ciples : "Cette pauvre veuve a donné plus que tous les autres, car elle a donné tout ce qu'elle avait". Généralement, nous les hommes, nous mesurons nos offrandes à la quantité que nous donnons. Celui qui donne le plus est considéré comme le meilleur. Mais l"offrandomètre" divin ne détecte pas ce qui est sorti de la bourse, mais bien plutôt ce qui y reste encore. Le détachement affectif et effectif est une façon pour Dieu de nous purifier de tous ces attachements qui nous empêchent de vivre l’exclusivité avec notre Dieu.

5. Ceci est mon corps
« Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ». (Ga 2,20)
. Notre attitude : Former un corps,l’Eglise
. La communion des leaders
Pour savoir si nous avons vraiment une communauté, chacun de nous doit répondre à ces questions :
1 - Est-ce que j'ai quatre vrais amis ?
2- Est-ce que je peux compter de façon incondition¬nelle sur ces quatre pour qui j'importe plus que toute autre chose ?
3- y a-t-il quatre personnes prêtes réellement à me porter vers Jésus ?
4- Quand je tombe. Y en a-t-il quatre pour me relever?
S - Quand je désespère. Y en a-t-il quatre pour me réconforter ?
6- Est-ce que j'ai quatre confidents à qui je puis ouvrir mon coeur, avec ses luttes, succès. échecs et tentations ?

Et à l'opposé, je dois me poser les mêmes questions :
1- Suis-je inconditionnel de quatre personnes ?
2- y a-t-il quatre personnes qui peuvent frapper à ma porte à n'importe quelle heure ?
3 - y a-t-il quatre personnes qui en cas de difficultés financières pourraient avoir recours à moi ?
4- y a-t-il quatre personnes qui savent qu'elles sont plus importantes pour moi que mon travail, mes loisirs ou mes projets ?
5 - Est-ce que j'accompagne et me charge (c'est-à-dire que je prends la responsabilité) de quatre personnes, les amenant à Jésus. coûte que coûte. quoi qu'il arrive ?

Si un leader ne vient pas d'une communauté, d'où va-¬t-il sortir ? S'il n'a pas vécu de l'intérieur tout ce qu'est une communauté, comment va-t-il la servir et la diriger? De là la vision pastorale de Jésus d'instituer la commu¬nauté. Les apôtres, avant de diriger la communauté furent enseignés en communauté.

6. Prenez et mangez-en tous
De même que le pain eucharistique est mangé, de même le disciple de Jésus doit être mangé. Ceci signifie qu'il se livre en faveur des autres. C'est comme une bougie qui se consume en éclairant les autres. Etre mangé signifie être au service des autres et livrer sa propre vie pour que d'autres vivent. Il existe divers tableaux du Bon Pasteur. Nous connaissons tous les classiques de Rafael et de Murillo où apparaît un tendre pasteur embrassant de façon romantique une brebis. Les statues qui nous présentent le berger sont si baroques et mielleuses qu'elles sont loin de la réalité.

- Notre attitude: Mangez-moi
Le véritable apôtre est celui qui meurt pour donner du fruit. Son bonheur, il ne le trouve pas en commandant et organisant, mais en disparaissant au moment opportun. fi sait qu'un jour il va mourir, pour cela il préfère se livrer comme un aliment qui produit la vie et non de manière stérile.

Ceci exige ses attitudes concrètes :
- Cesser de penser que l'apôtre est celui qui ordonne. Au contraire, c'est celui qui meurt pour que les autres vivent.
- Cesser de considérer les bénéfices que nous devons recevoir, et renoncer à tout, sauf à nous livrer pour les autres.
- Cesser de nous centrer sur les privilèges que nous méritons et commencer à servir tous.

Etre mangé signifie être à l'entière disposition de celui qui a besoin de nous. De même que nous avons donné un "oui" inconditionnel au Seigneur, il faut nous donner à tout son corps (nos frères) et leur dire: "Me voici, faites de moi ce que vous désirez. La seule chose que je désire est de vous laver les pieds". Etre mangé signifie également renoncer à toute sorte de bénéfice personnel, dans le but que les autres soient édifiés dans la foi et l'amour. Certainement l'Evangile affirme que celui qui sert à l'autel a le droit de vivre de l'autel. Cependant, le bon pasteur doit être capable de renoncer aux avantages qu'offre l'Evangile. Saint Paul dit clairement qu'il a le droit, comme les autres apôtres, d'emmener une femme croyante dans ses voyages missionnaires (cf. 1 Co 9, 5). Cependant, il préfère y renoncer par crainte que son geste soit mal interprété. Dans d'autres occasions, alors qu'il a le droit de vivre des biens matériels de ceux avec lesquels il a partagé les bénéfices spirituels, il préfère travailler de ses propres mains pour ne pas être un motif de charge quand c'est lui qui doit supporter les autres (cf. 2 Co 11, 9112,13 et 1 Th 2,9). Au lieu de recevoir, il donne. Il se livre comme aliment à tous.

7. Faites ceci en mémoire de moi
L'étape suivante dans la formation d'un disciple est de répéter exactement la même chose que le Maître: Faites ceci en mémoire de moi. Nous devons comprendre cette phrase d'une façon passive en premier lieu: nous devons nous laisser faire par le Maître. Consentir à ce que lui nous conduise dans ce processus qui fait de nous des disciples à son image et à sa ressemblance. C'est-à-dire que le disciple entre les mains de Jésus doit arriver à être Eucharistie, hostie vivante qui s'offre au Père pour le salut de tous les hommes. Le disciple est pain qui se transforme, mais en même temps il est autel où Jésus lui-même s'offre, et prêtre qui offre le Christ, et qui s'offre avec lui.

En second lieu, le Seigneur veut nous dire: Refaites de même pour former des disciples. Il n'y a pas d'autre chemin. Il ne s'agit pas seulement d'entraîner ces gens dans des techniques ou dynamiques de groupe ou de les former en langage de la communication: leur vie doit être Eucharistie, sinon ils ne peuvent devenir disciples de Jésus.
Jésus nous a envoyés enseigner tout ce qu'il nous avait montré. Nous trouvons son programme de vie synthétisé dans l'Eucharistie. Ce que nous devons donc enseigner aux autres c'est d'être Eucharistie pour tous ceux qui portent en eux ce pour quoi Jésus est mort. La sagesse du formateur de disciples est de connaître CC chemin et de le parcourir avec ceux qu'il modèle comme disciples.

Conclusion
L'Eucharistie n'est pas seulement une célébration, mais une vie qui se forme en chaque disciple du Maître. Chaque disciple doit être Eucharistie unie à l'Unique Victime d'agréable odeur qui s'est offerte pour le salut de tous les hommes. C'est le programme de vie et l'itinéraire par lequel passe un disciple qui désire être comme son Maître.

NOTRE MISSION
1. Jésus partage sa mission
Jésus avait pour mission de sauver tous les hommes. Il a formé des disciples et pourvu une douzaine de maîtres pour ainsi se multiplier, leur partageant la même mission que celle qui lui avait été confiée. Quatre aspects complémentaires configurent la mission des envoyés de Jésus.

a. Il prolonge sa mission
« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn.20,21)
b. Il les remplit de l’Esprit Saint et leur donna une grande mission : faire des disciples.
c. Il leur donna les charismes pour que l'évangélisé ait son expérience de salut au travers d'une rencontre personnelle avec le Christ ressuscité, nous ne devons pas oublier ce que Jésus dit immédiatement après :

Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru :
- en mon nom ils chasseront les démons,
- ils parleront en langues nouvelles,
- ils saisiront des serpents , et s'ils boivent quelque poison mortel, il ne leur fera pas de mal ;
- ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris (Mc 16,16-18).

L'Esprit Saint a distribué des outils pour construire la Maison de Dieu. Ces instruments se nomment charismes ou dons, et ont pour but de manifester que le Royaume est venu au milieu de nous par Jésus, qui est vivant en nous et avec nous. Si notre prédication est animée par l'Esprit de Dieu, il n'est pas logique qu'il n'existe pas de charismes. Comme le feu brûle toujours, l'Esprit produit toujours ces dons dans la communauté en vue de la proclamation. Evangéliser sans utiliser les charismes est déjà mutiler l'Evangile, car on supprime ainsi un élément qui fait partie essentielle du ministère de Jésus-Christ lui-même et de ses apôtres (Mt 4, 23; 10, 7-8). Evangéliser sans charismes c'est affaiblir la force intrinsèque de la Parole de Dieu. Les promesses que nous annonçons doivent se manifester. Les dons charismatiques ne servent pas seulement à prouver la véracité de la doctrine, mais sont des actes salvifiques à travers lesquels Dieu se manifeste parmi les hommes.

Au cours de la Consultation Oecuménique de Singapour en 1987, des pasteurs et des missionnaires du monde entier partageaient leurs extraordinaires expériences. Le représentant du monde islamique montra la grande difficulté pour le christianisme de pénétrer dans cette culture si opposée à la nôtre. "Le seul moyen, affirmait-il, est d'agir par des signes, prodiges et miracles. Sinon non seulement nous perdons notre temps, mais encore des gens".Par ailleurs, un délégué du monde occidental ajouta : "Pour nous cette méthode est encore plus nécessaire. Avant, les gens priaient pour qu'il pleuve. Les digues et systèmes d'irrigation nous ont épargné cette prière. Face aux épidémies, il y avait des croisades de prière et de pénitence. Aujourd'hui les vaccinations et assurances médicales nous ont fait oublier de lever les yeux vers le ciel. Notre monde industrialisé a de plus en plus besoin de ces manifestations extraordinaires de la puissance de Dieu".

Compris de cette manière, les charismes ne sont pas facultatifs. Par conséquent, il ne faut pas mépriser les instruments que Jésus-Christ lui-même employa. Ceux qui déprécient les charismes mettent de côté le plan de Jésus, qui a promis que des signes accompagneraient la proclamation du Royaume de Dieu. Les charismes doivent nécessairement accompagner notre évangélisation. Si on les laisse de côté, notre parole n'interpelle ni n'appelle à la foi, réduisant son pouvoir au minimum d'efficacité. Malheureusement les charismes ont été si souvent absents que nous en sommes même arrivés à vivre sans eux. Les habitants de New- York ne voient plus les étoiles, mais ce n'est pas pour cela qu'elles ont cessé d'exister. C'est la même chose avec les charismes. Ce n test pas parce que nous ne les avons pas vus pendant si longtemps qu'ils n'existent pas. Si la Parole assure que des signes puissants accompagnent la "proclamation", et que ceux-ci ne se manifestent pas, il ne faut pas en nier l'existence, mais vérifier si nous proclamons, ou simplement enseignons, ce qui est différent.

Porter beaucoup de fruit et un fruit qui demeure
La gloire de mon Père est que vous portiez beaucoup de fruit, et un fruit qui demeure (Jn 15, 8 et 16). Nous voici devant le texte fondamental qui souligne clairement notre but Notre mission est de fructifier abondamment. Nous sommes appelés à l'oeuvre la plus gigantesque de l'histoire: instaurer le Royaume de Dieu en ce monde! Fait plus important que le Big Bang qui a donné naissance aux galaxies; travail plus déterminant que la découverte de l'Amérique et action plus transcendante que l'expansion de l'Empire Romain.

« Le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi…(Ga.5,22)
Certains pensent que ces neuf éléments énumérés par l'apôtre sont "les" fruits de l'Esprit. D'autres, plus fidèles à la traduction, affirment que Paul parle au singulier ; alors, "le" fruit est seulement l'amour puisqu'il est en tête de liste. Cependant, pour être fidèles à la pensée de l'apôtre, nous devons comprendre qu'il n'y a qu'un seul fruit avec neuf facettes différentes. Il s'agit d'un diamant polifacettes: si on le regarde d'un côté, on contemple l'amour ; d'un autre, la joie, et ainsi de suite sur toutes les facettes. C'est comme un arc-en-ciel à qui il ne peut manquer une couleur car alors il serait incomplet.

Le fruit, par ailleurs, n'est pas quelque chose de forcé, mais est ce qui est le plus naturel dans l'arbre. Qu'y a-t-il d'extraordinaire à ce qu'un pommier produise des pom¬mes ? Un oranger n'a aucun effort à faire pour ne pas donner de citrons acides, parce qu'il offre naturellement des fruits doux et appétissants. Dans la vie de l'Esprit, c'est la même chose. Celui qui a l'Esprit du Christ coulant comme un sang vivifiant, manifeste spontanément le fruit de l'Esprit. Celui qui ne l'a pas, quelque soit son effort, n'arrivera pas à exprimer cette joie, cette paix ou cet amour qui ne peuvent venir que de l'Esprit de Dieu en nous.

. La vigne et le figuier
Par ailleurs, Jésus parle très clairement de l'arbre qui ne donne pas de fruit. Si on émonde le cep qui donne du fruit pour qu'il en donne encore plus, la vigne stérile est arrachée pour être brûlée au feu. Le serviteur qui ne fait pas fructifier ses talents se voit destitué, on lui retire même ce qu'il a et on le renvoie.
- La qualité l'emporte sur la quantité Quand Dieu demande "beaucoup de fruit", il ne se rapporte pas d'abord à la quantité, mais à la qualité. Jésus choisit expressément l'exemple de la vigne pour souligner qu'il attend de nous beaucoup de fruit pour la raison suivante: quand une grappe de raisin est bien chargée, le vigneron s'approche et en taille quelques grains pour que les autres aient plus d'espace pour grandir. On sacrifie la quantité au profit de la qualité. La grappe idéale n'est pas celle qui porte beaucoup de raisin; au contraire, celle qui ne dépasse pas les soixante-douze. Ceci explique pourquoi Jésus affirma : Celui qui porte du fruit, mon Père l'émonde (Jn 15, 2). C'est-à-dire qu'on le purifiera pour qu'il ne se vante pas, croyant que le plus important est de porter du fruit. Non, l'essentiel est de porter un bon fruit; c'est-à-dire, un fruit de qualité. Si nous nous l'appliquons, cela signifie qu'il faut émonder tout ce qui nous empêche de porter un fruit de qualité. n faut faire des choix dans notre ministère, choisissant les voies pastorales qui produiront le meilleur fruit, même si pour cela il faut renoncer à des projets qui nous paraissaient bons.

Porter beaucoup de fruit ne se rapporte pas donc prin¬cipalement à la quantité, mais à la qualité.
. On les reconnaîtra à leurs fruits
Le signe qui identifie un arbre est le fruit qu'il porte. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Les branches et le feuillage sont secondaires. Les fleurs sont trompeuses. Ce qui importe, ce sont les fruits. Jésus n'a pas dit qu'on nous reconnaîtrait à notre appartenance à une association pieuse, au port d'une croix sur la poitrine, au rosaire que nous récitons, aux offrandes que nous faisons ou à la théologie que nous connaissons, mais aux fruits que nous donnerions. Il est évident qu'entre eux tous, c'est l'amour qui prévaut. Au soir de la vie, les seules questions qu'on nous posera se font celles-ci :
- M'as-tu aimé dans celui qui était abandonné ?
- M'as-tu servi dans celui qui était nécessiteux ?
- M'as-tu accueilli dans celui qui était dans le désespoir ?

Etre maîtres formateurs de disciples-apôtres
La priorité de notre ministère doit être de "faire des disciples" ; de véritables disciples de Jésus qui devien¬nent des apôtres, instaurant le Royaume. Si nous délaissons ce champ de travail, tout le reste sera inutile. Il faut en prendre la décision, et payer le prix nécessaire. Notre but ne se réduit pas à être disciples, mais à en faire; ce qui implique, nécessairement, que nous devenions auparavant des maîtres. Nous ne sommes pas maîtres par la doctrine que nous transmettons, mais si nous modelons de nouveaux disciples.

Former des maîtres formateurs de disciples
Notre but final n'est pas autre que d'accomplir l'ordre donné par Jésus: "faire des disciples". Mais il nous faut, par la sagesse et l'efficacité "fabriquer" des maîtres. Jésus n'a pas seulement produit soixante-douze disciples : il a formé douze maîtres de disciples comme lui. La grande différence de stratégie entre la pastorale de Jésus et celle de Jean le Baptiste fut la suivante: le Précurseur produit seulement des disciples, alors que l' Artisan de Nazareth a un atelier où il façonne des maîtres. Ainsi, le feu du Baptiste s'est éteint peu à peu ; alors que la lumière du Christ ne s'éteindra jamais. Pour que la chaîne ne soit pas rompue, nous sommes appelés à former des maîtres qui soient comme nous ou meilleurs que nous; qui soient comme Jésus. Le véri¬table maître n'est pas celui qui a des élèves, ni même celui qui produit des disciples, mais celui qui produit des maîtres. C'est le but à atteindre.
- Des Evangélisateurs qui proclament la Bonne Nou¬velle.
- Des Maîtres qui enseignent la Doctrine de la foi.
- Des Pasteurs qui connaissent chacune de leurs bre¬bis.
- Des Accompagnateurs dans la foi.
- Des Grands frères qui soutiennent la foi des faibles.
- Des Coordinateurs de petites communautés.
- Des Agents de pastorale sociale.
- Des Animateurs d'un ministère musical, etc.

Malheureusement il existe des dirigeants qui au lieu de former les autres s'arrangent pour que personne d'autre ne puisse servir.
Nous les classons en trois groupes :

- Les leaders pompiers; Il y a des leaders qui sont comme les pompiers: dès que le feu de l'Esprit apparaît en une personne, ils essaient de l'éteindre. quand apparaît un David qui jouit plus de la sympathie des autres. Ils sont malades de jalousie quand on parle de quelqu'un d'autre qu'eux en bien.

- Les leaders jaloux
Parfois apparaît quelqu'un qui accomplit un beau ministère que tous reconnaissent. Il est si convaincu de sa vision qu'il fait même des conférences sur la façon de promouvoir ce programme pastoral dans lequel il obtient de si bons résultats. Cependant, si d'autres surgissent pour travailler dans le même champ, il est aussitôt jaloux et suspicieux. Il veut être le seul à avoir du succès dans ce domaine. Il veut avoir la gloire d'être le seul qui glorifie Dieu. La seule façon pour s'assurer que la chaîne ne se rompe pas et que l'on continue l'oeuvre que Dieu nous a commandée, est de former des formateurs. L'efficacité ne se mesure pas à ce que nous faisons, mais à ce que nous réussissons à faire faire aux autres. L'unique façon de nous multiplier est de former d'autres qui à leur tour formeront d'autres comme disciples de Jésus. Il ne suffit pas que nous soyons disciples. Il ne suffit pas que nous produisions des disciples. Il faut que nous formions des maîtres. Il ne suffit pas d'additionner nos forces; il faut les multiplier. Comment ? En formant des maîtres qui montrent aux autres comment devenir maîtres à leur tour. Saint Paul, le grand formateur de dirigeants, recommandait à son disciple Timothée d'en instruire d'autres, capables de continuer l'oeuvre : « ce que tu as appris de moi sur l’attestation de nombreux témoins, confie-le à des hommes sûrs, capables à leur tour d’en instruire d’autres » (2 Tm,2,2)

Suggestions
1. Commencer avec ce que nous avons
2. Investir à long terme
3. Sage équilibre entre doctrine et expérience
4. Structure perméable à l’Esprit et ouverte au changement
5. Ne pas dépendre du pouvoir économique
6. Ne pas travailler seuls
7. Former une communauté de disciples.
8. Etre toujours à l’écoute du Seigneur.

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